Salut les coquins,
Pendant que nos amis américains se réveillent gras comme des moines après avoir ingurgité 5 kilos de dinde hier soir pour thanksgiving, non sans avoir oublié d’inonder les réseaux sociaux avec des photos de leur volaille, nous autres français sommes en pleine journée d’hommage national. Outre-Altantique on fourre les dines, ici on fourre l’électeur. Chacun ses traditions.
Mon jugement est dur et hâtif. Je suis ravi que ces tragiques attentats puissent nous faire marcher sous le même drapeau et nous faire sentir unis par un projet d’unité nationale. J’en ai parlé la semaine dernière, tous ces hommages et ces Marseillaises en boucle me réjouissent. Entendre des “jeunes” parler de fierté d’être Français et voir concrètement tout un peuple tenter de s’approprier son drapeau et une histoire commune est toujours quelque chose de positif, surtout pour une fois qu’on peut le faire sans tout de suite laisser penser qu’on vote pour la grosse blonde. Aberration suprême…
Mais comme je suis taquin et attentif de tout ce qui a pu se dire et faire depuis cette tragédie, je me suis constitué un petit stock de crottes de nez prêtes à être balancées dans la face de plusieurs trucs qui m’ont sacrément pété les couilles.
Premièrement, je dois bien dire que leur journée d’hommage national m’emmerde en fait. Par sur le principe évidemment, qui est heureusement louable. Toutefois, j’ai pas attendu qu’on me donne la permission pour penser aux victimes, à leurs familles, à mon pays et à notre civilisation.
Deuxièmement, c’est pas parce que le gouvernement fait mine de s’agiter dans tous les sens que j’ai oublié que si ces cons là s’étaient bougés le cul après les attentats de janvier, on aurait peut être pu éviter d’en arriver là.
Qu’un gouvernement ne puisse pas prévoir, ni prévenir, des attentats suicides commis par des allumés du bulbe n’ayant pas peur de finir façon puzzle, je peux le comprendre. Par contre, apprendre qu’un barjot ayant une fiche S puisse se balader à peu près comme il en a envie entre la France et la Belgique sans que ça n’intéresse personne, ça me rend taré. Pas envie de sombrer dans la discussion de bistrot mais j’ai bien l’impression qu’il est moins risqué d’avoir cette fameuse fiche S collée au cul plutôt que de négocier avec une connasse de pervenche armée de son carnet de PV.
En gros, un avocat peut être radié de l’ordre s’il a un casier judiciaire pour une connerie de jeunesse, mais un islamiste radical potentiellement enclin à vouloir se transformer en glace pilée peut traverser des frontières. Voilà, voilà.
J’étais donc déjà énervé de voir ce remue-ménage médiatique de ces gouvernants qui concrètement n’ont rien branlé malgré les nombreux avertissements, mais mercredi soir j’ai faillit casser ma téloche devant le match du PSG.
Le PSG, club de la capitale, donc potentiellement touché par des attaques ayant eu lieu dans cette ville, est allé joué un match de Coupe d’Europe en Suède avec un maillot floqué d’un message “Je suis Paris”. Evidemment, on a crié au génie, arguant que pour des raisons exceptionnelles le business autour du foot pouvait prendre une pause et qu’ainsi le sponsor habituel du club, la compagnie Fly Emirates, avait accepté de s’effacer au profit d’un message de paix.
Fermez vos putains de gueules: la compagnie Fly Emirates n’en a rien à branler du PSG, comme elle n’en a rien à branler de Paris et des attentats, et c’est d’ailleurs son droit. En revanche, qu’on vienne m’expliquer que le propriétaire du PSG, à savoir le fonds d’investissement QSI détenu à 100% par le Qatar, lui-même grand argentier de Daesh, vienne pleurer pour des victimes d’attentats qu’il a lui-même indirectement financé, ça me donne envie de me coincer les couilles dans une porte. Attention, je ne dis pas que le PSG a tiré sur des gens, je dis juste qu’un peu de pudeur ne fait pas de mal.
Et puis y’a un dernier truc qui me fout grognon, c’est voir Jawad le logeur en liberté alors que le mec a cumulé je ne sais combien de condamnations. Ceci dit, ça valait le coup… le mec subit le plus gros lynchage de l’histoire du digital et nous a permis de bien nous fendre la gueule après l’horreur.
Nous voici à J+ 14 et le seul message que nous pouvons faire passer est “par pitié plus jamais ça!” ! Déjà parce que j’ai versé une larme en écoutant la reprise de l’hymne à l’amour par Céline Dion et que, concrètement, j’ai honte.
Plus jamais ça également pour s’épargner la lecture des centaines de statuts Facebook pondus à la hâte par des diplomates en herbe, des poètes analphabètes et des donneurs de leçon n’ayant pas appris les leurs. Pendant quelques jours les réseaux sociaux se sont transformés en un manuel de géopolitique pour CAP esthéticienne. Ne serait-ce peut être pas finalement ça le vrai terrorisme !?
Bref, la France a l’air de nouveau soudée, prête à résister ensemble contre la barbarie et les connards qui ont pour projet de nous faire arrêter de déconner, et c’est le plus important.
Du coup, dès le week-end dernier, nous avons résisté. Manifestement des gens sont allés faire la fête sur les terrasses avoisinant celles durement frappées, d’autres ont organisé des barbeucs et karaokés improvisés Place de la République, et enfin d’autres ont pris le parti de se raffiner au Beaujolais Nouveau. Drôle de hasard du calendrier du reste, que de célébrer la picole et la cochonnaille 6 jours après des attentats islamistes.
Pourtant pas un grand amateur des fêtes populaires, fuyant Lyon pendant la fête des Lumières, implorant le ciel qu’il pleuve le soir de la fête des musiques, restant dans les petites rues pendant le feu d’artifices du 14 juillet, c’est pourtant tout guilleret que j’envisage chaque année cette espèce de grand messe de l’alcoolisme, cet apostolat de la gueule de bois et cette procession de l’haleine fétide.
En plus, cette année, on nous a expliqué à la télé que faire la fête, picoler et bouffer du cochon était signe de résistance. Du coup, du haut de mon mètre 79, avec mon ballon de rouquin et ma tranche de sauciflard, je me sentais des faux airs de Jean Moulin. Le chapeau en moins.
Faites cette journée d’hommage national si ça vous chante, mettez un drapeau tricolore à votre fenêtre ou peignez vous la bite en bleu/blanc/rouge. J’ai la conviction que pour avancer il faudra que chaque jour soit un hommage national, pas seulement aux victimes de cette histoire, mais à notre histoire et à qui nous sommes.
Après l’émotion naturelle et nécessaire qui ont suivi ces terribles attaques, il est maintenant temps de se sortir les doigts du fion et de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là. On découvre tous les jours de nouvelles merdes sous le tapis et j’ai pas envie qu’on se fasse une nouvelle fois enfumer par un appel à l’unité pour masquer toutes ces incohérences.
Ne voyez pas dans mes propos une quelconque volonté de sortir du troupeau ou de briser ces belles images. Je profite simplement de la chance qui est la mienne, à savoir celle d’avoir une page blanche que je peux tacher toutes les semaines avec des saloperies bien grasses dans l’optique de vous faire marrer, et de temps en temps, je vous prie de m’en excuser par avance, des trucs un peu moins drôles.
Là j’avais pas envie de rire, mais la semaine prochaine, promis les copains, on causera alcoolisme et levrettes claquées.
TGIF !!l
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