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TGIF – Thank God It’s Friday | Irish Call

by • Mar 17, 2017 • T.G.I.F.Comments (0)17873

Dia duit,

Ce truc bizarre ci-dessus veut tout simplement dire bonjour en Gaélique, patois celte ancestral qui n’est autre que la langue officielle de l’Irlande ! Que dis-je, de la Sainte Irlande !

Une fois n’est pas coutume, on ne sait d’ailleurs pas très bien au bout de combien de fois ça devient coutume, mais c’est depuis un avion de la compagnie irlandaise Aer Lingus (je sais, c’est marrant), sur le vol EI135 entre Dublin et Lyon, place 24C, que j’écris ces quelques lignes hebdomadaires.

Petite concession à la magie du direct, il est actuellement 13H50 en ce mercredi 18 mars et concrètement je me trouve dans une cellule de dégrisement volante. Vous le savez certainement, mais cette île coupée en deux au large de l’Angleterre et du Pays de Galle sort d’un week-end de 4 jours placé sous le signe du patriotisme, de la flute, de la bière, du whisky tourbé et du chapeau vert. Vous y êtes, j’ai passé la Saint Patrick à Dublin et je me trouve dans un avion plein ras la gueule d’ivrognes en train de cuver et qui vous remettent à 2 grammes dès qu’ils ouvrent la bouche à moins d’un mètre de vous.

Je vais être franc, la Saint Patrick ne m’a jamais intéressé. D’une parce que jusqu’à preuve du contraire j’ai plutôt un physique à pas bouffer de cochon qu’à me pinter la gueule avec mes copains rouquins, mais qu’en plus fêter la Saint Patrick à Lyon n’a pour moi absolument aucun sens. On ne remet pas de palmes d’or à Tain l’Hermitage, on ne gagne pas d’Oscar à Bangkok et on ne se fait pas faire une branlette espagnole par une gonzesse qui n’a pas de seins. Une place pour chaque chose, chaque chose à sa place.

En fait la Saint Patrick à Lyon consiste généralement à s’accouder au comptoir poussiéreux d’un pub minable de Saint-Jean à côté d’un rasta blanc qui vous raconte les bienfaits de l’internationale socialiste tout en vous demandant une feuille. Loin de moi l’idée d’être snob mais c’est définitivement pas mon truc.

Enfin la pardon chers amis de l’Irish call, fier et noble peuple irlandais, la Saint Patrick dans ta capitale est une leçon !

Partir pour 4 jours de Saint Patrick en terre verte nécessite quelques préparatifs et quelques compétences. Ne partez pas là bas dedans la fleur au fusil, vous seriez emportés par la déferlante dès le premier soir et vous ne seriez plus bons qu’à accompagner vos potes en buvant un coca light. Non, il faut y’aller entrainé et reposé, comme un athlète avant les JO.

C’est ainsi qu’avant le départ depuis Paris samedi dernier aux aurores, la fine équipe s’est réunie en capitale pour une dernière soirée décontractée avant le début des hostilités.

Avec un TGV entrant gare de Lyon à 18H30, on savait déjà ce qu’il allait se passer :

–  Je suis garé au bar du lycée avec une planche charcuterie/fromage et une quille de blanc qui te réclame mon gaillard.

 Voilà le premier SMS reçu alors que j’avais à peine posé un pied sur le sol parisien. La suite on la connaît, il est à 8H du matin quand votre taxi vous fait signe de monter pour l’aéroport, et donc Dublin, et donc la Saint Patrick. Et concrètement vous en chier comme un Polonais.

–  Quel terminal à Charles de Gaulle Monsieur ?

 – Le définitif à priori. Adieu la France !

 L’arrivée en terres irlandaises est conforme aux attentes du croquant standard dont je fais parti. C’est vert partout, les publicités pour les banques qui garnissent habituellement les aéroports sont ici remplacées par des grandes affiches pour Guinness, Magners ou Jameson, et une fois dans la queue pour les taxis on se prend un vent froid dans la gueule.

« What’s the crack ?» me lance l’un d’entre eux, « I’m going to the city center of Dublin », le tout dans un Anglais impeccable.

Petit aparté concernant l’accent Irlandais. Pour s’imaginer le merdier que c’est pour les comprendre, imaginez un Anglais parlant un Français correct mais approximatif, tentant de comprendre une famille de Chtis après l’apéro… Pas évident !

Mais bref, c’était pas grave, on y’était, la goule en pente, émerveillé par le spectacle d’une ville accueillant le monde entier entassé dans 3 rues et surexcité à l’idée de vivre une expérience qui allait évidemment rester ad vitam eternam dans mon cerveau malade.

Comme l’Irlande est un pays de résistants, fier de ses coutumes et de ses traditions, ils ont une culture à la fois intéressante et étrange. Je passe sur leurs sports incompréhensibles tels que le football gaélique où on joue au rugby avec un ballon rond, des poteaux et une cage avec un gardien, ou le Earling qui consiste à jouer au polo en l’air avec des battes de baseball, je parle également de leur culture artistique. C’est ainsi que 2 musées sur 3 seront consacrés à la fermentation d’un alcool ou à sa commercialisation. De fait, fort de notre soif incommensurable de connaissance et de culture, nous avons visité 4 musées dès le premier après-midi, afin de se familiariser définitivement avec notre terre d’accueil pour le week-end.

Bref, le facteur était remonté sur son vélo et nous étions à peu près certains de s’intégrer convenablement dans ce beau pays !

Un peu comme à Dubaï, bon nombre de Français sont venus s’installer dans le coin en raison d’une croissance à 2% et de la présence d’une multitude de grosses boites qui embauchent à tour de bras. Google, Facebook, Yahoo, IBM ou encore Oracle ont des énormes bureaux sur l’île, voire même leurs sièges Europe, et proposent donc des postes intéressants et rémunérateurs à pas mal de monde, surtout aux jeunes.

Ainsi, il est assez saisissant de se balader dans les rues de Dublin et de ne voir que des jeunes, tous l’air d’être cadres dynamiques et possédant un pouvoir d’achat déjà sympathique ! Enfin du coup ça fait la bringue, il y’a des pubs typiques tout comme des gigantesques bars/boites à la sauce londonienne ou bruxelloise, dans une ambiance cosmopolite, « branchée » mais pas connards. Tout le monde s’amuse, danse, s’interpelle, a envie de faire la fête sans se montrer quoi…

Bon, nous on l’a joué comme ça aussi, sans se montrer… Après nos visites culturelles de l’après-midi dont je parlais tout à l’heure, avec en point d’orgue le musée de l’Irish Whisky qui vaut tous les Louvre de la terre, nous avons décidé de passer aux choses sérieuses en nous rendant dans une merveille de rade qui s’appelle le Sams, sur Dawson Street.

– Et un, et deux, et trois/zéro ! s’est emporté mon pote en terminant son 3ème verre de Hendricks/tonic with a slice of cucumber.

Quant à moi, je me demandais s’il était plus simple d’en commander un 4ème ou de m’adresser à la Brésilienne aux lèvres pulpeuses qui squattait le même coin de bar que nous si elle pouvait nous laisser remplir son soutif de 12 ans d’âge pour en faire un cocktail.

Puis comme dans les mauvais films, c’est quelques heures plus tard, après avoir dragué un travelo d’un mètre 90 qui semblait être l’avion de chasse ultime de dos mais après le crash de face, tout ça pour lui gratter une clope, que nous avons regagné le paddock, non sans avoir fait un pit stop dans la cabane à burgers du coin où nous avons pris un cours de Polonais avec un ressortissant de ce charmant pays d’Europe de l’est, qui s’est présenté en nous disant très fermement “I’m Poliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiish !!!!”

Après avoir arpenté les splendeurs irlandaises pendant deux jours, et quand on dit splendeur le mot est faible tant ce pays est une oeuvre aussi bien dans ses collines, dans ses lacs, dans ses campagnes que sur ses côtes avec des falaises offrant des spectacles à couper le souffle, nous permettant du même coup de faire des photos “familiales”, nous sommes retournés à Dublin pour prendre ce que nous étions venus chercher, à savoir un bain de foule, des chapeaux verts à perte de vue et des litres de Guinness.

A tous les Lyonnais ou connaisseurs de la fête des Lumières, imaginez bien qu’il y’a à peu près autant de gens dans les rues mais tous avec le même chapeau sur la tête, tous là pour se marrer et tous avec une bière à la main.

A tout le monde, si le jour de la Saint Patrick est le 17 Mars, il est bien évident que la fête commence la veille. De fait, c’est un peu comme si le 1er Janvier était encore plus hard que le réveillon… coquet comme concept !

Du coup le soir du 16 les fêtards sont déjà de sortie, prêts à en découdre avec le saint patron des Irlandais. Comme partout dans le monde, il ne faut pas bien longtemps pour repérer les Français au milieu de toute cette foule, il suffit de repérer qui lance “On n’attend pas Patrick ?” pour la 88ème fois en moins de 10 minutes.

L’ambiance qui règne dans tout le mythique quartier de Temple Bar est digne de la parade de Disneyland, mais pour adultes. Des centaines de personnes éméchées agglutinées les unes sur les autres, et pourtant aucune baston à déplorer. En tout cas sous mes yeux…

Me concernant, la soirée de la Saint Patrick s’est plus ou moins déroulée comme une soirée normale à la différence près que j’avais un machin vert sur la tronche, une fausse beubar rousse sur la gueule et qu’on se sentait pas gênés de pisser dans une rue noire de monde. Concernant la fausse barbe, c’est certes un accessoire typique indispensable mais c’est formidablement casse couilles pour boire une bière. Je déconseille fortement…

Bon et puis le reste on a donné dans du classique, couchés 6H après une belle tournée, une nuit réparatrice, un réveil compliqué, une pizza/coca pour tout remettre droit et voilà qu’on se sent l’envie de retourner dans la mêlée, mais avec des phrases qui donnent bonne conscience:

– Les gars on fait quoi ? Sieste à l’appart ou on descend à Temple bar ?

– Moi je suis crevé, j’irai bien ronquer un moment ! Nous dit le premier.

– Ouais mais on est à Dublin un jour de Saint Patrick, c’est quand même pas un jour à faire les tarlouzes.

T’as raison mon cadet, on va aller faire un tour rapidosse mais je t’annonce qu’avec le merdier dans les rues on trouvera jamais un pub qui nous laissera rentrer.

C’est effectivement après s’être pris une porte au fameux Temple Bar Pub, puis au Quay’s, que nous avons trouvé un endroit ravissant et ravis à l’idée de nous accueillir. C’est fâcheux, je n’ai plus le nom, mais c’était plein comme une pute un jour de paye de marin, c’était beau comme une crèche, les gens étaient sympas, chantaient des hymnes patriotes à la gloire de leurs proches ancêtres ayant fuit l’immense pauvreté de l’Irlande au début du siècle dernier, et ayant glorifié leurs origines aux Etats-Unis. Statistiques à sortir dans les dîners, il y’a 4 Millions d’Irlandais en Irlande, 45 Millions aux Etats-Unis, dont la famille Kennedy, du moins ce qu’il en reste. Autre stat ? Il y’a 12% de roux en Irlande. Gratos.

Nous voilà entrés dans ce pub où se mêlent donc groupe de musique irlandais, odeurs de malt, de houblons, des jeunes, des vieux, et même un nain complètement déboité à une espèce de drôlerie qui brûle la langue et qui a l’air de contenir du Bailey’s, autre spécialité irlandaise que j’apprécie nettement moins que les autres.

– On se met une pinte de guinness les petits frères ? 

– Tu vas plutôt me mettre un sérieux whisky ma toute belle !

– T’es pas venu pour vendre des gaufres toi on dirait…

– Ni pour acheter du terrain. Ce sera donc un whisky Black Bush, mais on the rocks, faut pas déconner.

La promiscuité, la gueule de bois de la veille, la fatigue d’un séjour magnifique qui touche à sa fin, j’ai bien cru défaillir et rentrer me coucher avant l’heure de la sortie. C’est là que le copain qui me servait d’homme de bar a joué un rôle décisif.

– J’ai une idée !!  S’est-il esclaffé en renversant la moitié de sa pinte sur le nain qui partait commander une assiette de frites.

– Laquelle nom de Dieu ? Dis moi ça tout de suite brillant artiste !!

– Si on se met que du whisky on va rendre les clés. On va donc alterner de cette façon: Pinte de Guinness, Single whisky. Pinte de Guinness, Double whisky. Pinte de Guinness. Triple whisky. Pinte de Guinness..

Ca va je crois que j’ai compris le principe. Avec ton petit jeu tu prévois l’heure du décès à dans combien de temps à peu près ?

– Je sais pas mon gaillard mais si t’as un mot historique à prononcer je te recommande de te magner tant que tu peux articuler.

Voici à peu près le dernier truc que j’ai entendu jusqu’à la consigne de sécurité de l’hôtesse de l’air il y’a un peu plus d’une heure.

J’insiste sur la beauté des paysages de l’Irlande, sur la gentillesse de ce peuple incorruptible qui n’a jamais vendu son cul aux plus offrants, surtout pas aux Gallois et aux Anglais. Leurs chants patriotiques entonnés à tue-tête dans les pubs pendant la Saint Patrick ont quelque chose d’émouvant lorsque l’on comprend un petit peu leur histoire.

Comme disait Jules César: “Peuple d’Irlande, tu es le plus brave de tous les peuples !”

TGIF les enfants !!

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