TGIF – THANK GOD IT’S FRIDAY | Les conneries du midi

by • Mar 18, 2016 • T.G.I.F.Comments (0)2474

Salut les coquins,

Dernière semaine de cet hiver 2015/2016 et déjà les premiers constats s’imposent. Que ce soit dans les journaux, à la caisse du supermarché ou en allant rendre visite à votre grand-mère, tout le monde est d’accord.

– Et bah dis donc, cette année on pourra pas dire qu’on a souffert du froid.

– Bah si tout de même, on s’est un peu caillé en février non ?

– Oui 3 jours ! On peut pas appeler ça l’hiver !

Pour peu qu’en plus votre grand-mère soit une férue de botanique, de calendriers et de statistiques, et immédiatement la conversation peut durer 4 plombes.

– Je me souviens qu’en 1964, on avait eu des tulipes début Mars alors qu’en 1976 il neigeait pour Pâques. 

Bref, vous l’avez compris, les beaux jours reviennent et la crise de la trentaine de la semaine dernière semble désormais loin derrière nous, alors qu’on peut déjà presque humer le doux parfum du rosé, de la tapenade et de la pétanque.

Qui dit beaux jours qui reviennent dit retour de la saison des mariages. Un peu comme Owen Wilson et Vince Vaughn dans ce chef d’oeuvre dramatique qu’est le film Sérial Noceurs, je suis systématiquement excité comme une pucelle accrochée au radiateur avec une boule dans la bouche à l’approche de ces réjouissances familiales, amicales, conviviales, gastronomiques et éthyliques.

Nous ne reviendrons pas sur ces histoires de mariage dont on a déjà parlé maintes en maintes fois en ces lignes, la faute à mes potes qui ont cru que se marier était un nouveau sport national. Cela dit grand bien leur fasse, c’est pas tous les samedis qu’on a l’occasion de se rincer la glotte à l’oeil, même si quand on fait les comptes, le pressing pour le costume, les cadeaux de mariage, le transport et l’hébergement… ça fait tout de même des frais.

Le retour du printemps signifie également retour des fêtes de famille. On va attaquer avec Pâques, les baptêmes, communions, fêtes des mères, des pères, le déjeuner dominical chez la vieille tantine, celle dont la piscine sert d’argument imparable à votre mère au moment d’y aller “écoute tu les vois jamais, et comme ça tu pourras même te baigner”. Comme si à bientôt 30 piges la perspective de me tremper le cul et de devoir faire semblant de jouer au volley dans l’eau avec un petit cousin inconnu pouvait encore me foutre le maillot de bain en toile de tente.

On va dire que j’ai pas bien le sens de la famille, mais ces festivités m’ont toujours emmerdé. Les lecteurs les plus assidus savent combien j’aime Noël et son lot de cassage de couilles, des chants niais à la course aux cadeaux. Et alors au printemps j’ai l’impression que c’est un peu Noël tous les dimanches.

Jusqu’à mes 20 ans j’ai toujours tenté de faire bonne figure, étant à l’époque encore réceptif aux sommations parentales et aux menaces à peine larvées.

– Adrien, tu sais qu’ils sont pas éternels. Tu devrais venir, si jamais l’un d’eux cassait sa pipe cette semaine tu t’en voudrais toute ta vie…

– Tu crois que je devrais venir avec un stylo et l’original de leur testament du coup ?

– Je t’interdis !!!

Il faut dire qu’à cette époque je ne connaissais pas encore, ou alors peu, les joies des déjeuners de famille en lendemain de cuite. Si l’humanité a hélas connu un paquet de tortures différentes depuis l’antiquité, du marquage au fer rouge au cisaillage testiculaire en passant par les chatouilles sous la voute plantaire, personne n’a plus souffert qu’un homme en gueule de bois à un déjeuner dans une famille ou le Ricard se boit au petit-déjeuner, et surtout où le niveau sonore n’a rien à envier à celui du Hell Fest.

Un autre truc très sympa qui vient avec le printemps est le retour des déjeuners en terrasse avec les clients. On ne sait pas bien pourquoi mais sous prétexte qu’il fait à peu près beau temps, on a tout de suite très envie d’aller faire un peu de relations clients en terrasse et de causer boulot en dégustant quelques vins provençaux dont le taux de souffre casse le crâne mais flatte tout de même son homme.

Evidemment, on n’a pas découvert les conneries du midi avant-hier. Etudiants, déjà, se rouster pendant le déjeuner représentait un passe-temps de premier choix puisqu’il nous permettait de passer pour les rebelles, les populaires, bringueurs et matures. Il faut aussi admettre que l’après-midi passait bien plus vite… et surtout que c’est absolument pas mature !

Désormais, cette beuverie déclarée fiscalement parlant sous le mot de passe “déjeuner d’affaire” est un moyen de joindre l’utile à l’agréable.

Généralement, ça commence comme ça, de manière très innocente. Je vous fais le dialogue:

J’ai eu une semaine de malade, je suis éclaté ! En plus j’ai allumé un peu hier soir…

– On va prendre un pot de rosé histoire de remettre le facteur sur le vélo !

– Justement pas malheureux, j’ai 1 milliard de trucs à torcher cet aprem si je veux passer le week-end peinard sans ouvrir l’ordinateur. Faut pas que je reparte d’ici plein cadre !

– Mais pas plein cadre !! Juste un petit godet pour faire glisser la barbac… donc si je commande un peu de pinard tu m’accompagnes pas ? Je te rappelle que je suis ton client, faudrait quand même pas que tu me vexes…

– Ah si c’est professionnel c’est différent. Mais juste un pot alors, je sais comment ça va finir cette histoire sinon.

Vous venez donc de signer votre arrêt de mort.  Si le lundi vous êtes encore tout à fait capable de vous limiter à un petit verre de rouge pour être courtois, en deuxième moitié de semaine c’est terminé. Reprenons le dialogue entre les deux futurs bourrés:

– Bon bah finalement on aura torché le pot avant d’être servi, on va quand même bien en recommander un pour accompagner l’entrecôte non ?

– Oh non tu fais chier !!

– Bah quoi ?! c’est quand même pas de ma faute si le service est lent…

L’entrecôte avalée, le coup de barre arrivé en pleine tronche, vous aurez de toutes façons passé le cap fatidique et plus rien ne sera comme avant en ce vendredi après-midi qui n’avait rien demandé à personne. Une clope en attendant le fromage, un autre pot parce que le rouge accompagne bien le St Marcellin, un café et un Get parce que “ah bah toujours un Get après un gueuleton pareil, ça évite de sentir la vinasse et ça donne un coup de fouet”. Et mon cul, c’est du poulet !

Entre nous, le Get… C’est quand même vraiment une escroquerie. Quand vous voyez qu’il est impossible de nettoyer une table sur lequel du Get a été renversé la veille, je ne vois pas à quel moment on peut penser que ça va nous aider à digérer. Mais passons…

Il est 14H45, vous allumez une clope devant la porte du restaurant désormais vide dans lequel vous venez de passer 2H30. La lumière du jour vous ferme les yeux avec une ride du lion de compète mais il vous reste encore un peu d’excitation post beuverie qui vous convainc que vous finirez votre taf hebdomadaire en deux temps trois mouvements. Oui mais voilà…

15H10, vous êtes enfin assis à votre bureau derrière votre ordinateur. Avec l’expérience, je suis passé maître dans l’art de ne rien laisser transparaitre.

Un peu long ce déjeuner non ?

Bah oui mais on avait beaucoup de points à aborder faut dire…

Vous avez picolé ?

Absolument pas !! Comme si c’était mon genre de me pinter entre midi et deux…

Si votre voix est effectivement quasi cristalline, vous puez clairement l’alcool. L’échalote et le vin rouge vous laissent un goût immonde dans la bouche et vous rêver que d’une chose: vous foutre à l’horizontal et ronquer une heure.

Après avoir fait 1/2H de Facebook, 10 minutes sur L’Equipe.fr et 3 Candy Crush, vous aurez enfin fait le deuil de cet après-midi et attendrez sagement 18H pour pouvoir sortir et entamer le week-end.

Oui mais franchement, sortir du bureau un vendredi à 18H sans aller boire l’apéro, c’est un peu ballot non ?

TGIF !!

 

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