Tressaillez de joie !
A force de faire des mariages ces derniers temps, “tressaillez de joie” est en passe de devenir mon tube de l’été.
Ce week-end nous avons d’ailleurs marié mon cousin, et non pas marié LE cousin, ça ça fait méga beauf, dans le Var, précisément au Castellet, charmante bourgade célèbre pour son circuit Paul Ricard, ses domaines viticoles en AOC Bandol et donc sa proximité avec la station balnéaire éponyme.
Si d’habitude je suis le boulet des départs en vacances, appelant 15 potes la veille pour savoir qui aura la chance et la joie de me voir poser mon séant de jeune fille sur leur banquette arrière tout en me plaignant de ne pas avoir assez de clim dans la gueule, cette fois ci j’ai pu moi aussi goûter aux joies du ramassage scolaire.
Clairement, partir dans le midi à 16H le vendredi précédent le week-end du 14 juillet, c’est une connerie ! Mais que voulez-vous, moi aussi je devais porter ma croix et faire le taxi pour les copines, comme on l’a fait pour moi pendant de longues années.
Résultat des courses: Après 7H30 de bagnole, enfin plutôt de bouchon, nous arrivâmes (oui j’utilise le participe passé) au Beausset, bled paumé entre le Castellet et Bandol.
7H30 de voiture pour 300 kilomètres c’est chiant, mais je suis enfin rentré dans un club qui me snobait depuis des lustres, un club qui n’accepte que les grandes personnes et les diplômés, un club qui permet de briller en société et d’ouvrir sa grande gueule: le club de ceux qui se plaignent d’avoir roulé dans les bouchons !
En arrivant à la maison, j’ai eu droit à cette question qui m’a immédiatement consolé d’avoir passé autant de temps dans cette charrette:
– ça va Buzz ? Pas trop hard la route ?
Si putain c’était long et chiant, mais qu’est ce que je suis content qu’on me pose cette question.
– M’en parle pas c’était l’enfer, j’ai passé la 3ème à Valence, avant c’était pare-choc à pare-choc. Pour te dire j’ai même fais un démarrage en côte sur l’autoroute…
J’étais moi aussi enfin rentré dans le club des conducteurs, donc.
Bref, nous sommes donc finalement arrivés à bon port, le mariage fut beau, la mariée fut belle, les autres filles tout autant, le champagne à bonne température et la souris d’agneau remarquable.
Si d’autres mariages et réjouissances vont animer les week-ends de juillet, les vacances sont désormais largement dans le viseur et chacun doit désormais savoir dans quel coin du monde il va poser sa serviette et polluer un paysage qui ne lui demandait rien.
Vous l’aurez largement compris si vous lisez ces absurdités toutes les semaines, pour moi ce sera une nouvelle fois la Corse et le Cap Ferret, avec peut être même un passage par l’île de Ré histoire de définitivement avoir un programme digne des vieilles familles bourgeoises lyonnaises et d’être en mesure de vouvoyer ma grand-mère tout en l’appelant bonne-maman.
Comme tous les ans, j’ai profité de mes soldes du mois de juillet pour faire un peu de shopping et partir en vacances avec une valise de qualité. Atlantique oblige, on a opté pour les pulls marinières qui iront très bien sur les épaules, chemises à rayures avec coudières, t-shirts faussement à la zob mais tout à fait étudiés, et même des bermudas en jean.. bref, c’est pas encore cette année qu’on y va pour scanner du sable ! J’ai beau avoir 28 piges et la moitié de mes potes mariés, j’ai toujours pas la paix du slip et on risque bien de visiter nuitamment les dunes.
Fut un temps où on se faisait piquer les jolies filles par ce connard de Parisien qui se baladait toute la journée avec sa mauvaise coupe de cheveux de connard, son Dax et sa “board” dans le dos. Non seulement il avait un style gosse de riche rebelle qui personnellement me donnait envie de le cogner, mais en plus ce trou du cul savait jouer de la guitare. D’ailleurs il disait pas guitare, mais plutôt “Mec, tu me passes ma gratte steuplait, on va se mettre un petit morceau qui va bien” d’une voix faussement désinvolte et utilisant un langage moitié Trocadéro, moitié Mas du Taureau. Bref, un con quoi.
On va pas se le cacher, entre un avion de chasse qui veut pas et une fille correcte qui veut, on choisira celle qui offre la plus forte probabilité de finir sur le porte bagages du VTC “cyclocéan”, direction la plage de l’embarcadère. Pour lui, c’est pas un problème, elles veulent toutes.
Si vous êtes allés faire le plein de fringues toutes neuves avant de partir, le Parisien aura fait la même chose, mais en mieux. Si vous avez chié dans la colle en voulant à tout prix vous faire couper les cheveux la semaine avant le départ, vous faisant une face de cul, lui aura pris soin de jouer la montre en y’étant allé 3 semaines avant tout en demandant à la coiffeuse de couper “mais pas trop”.
On en parlait l’année dernière, c’est ce mec là qui va s’amuser à vous niquer systématiquement tous vos coups, et sans faire exprès qui plus est.
En vacances comme partout un coup se travaille. Mais il doit se travailler vite ! On n’a qu’une semaine ou 10 jours, il s’agit donc de pas tourner autour du pot pendant 3 semaines à coups de SMS nocturnes ou d’invitations au théâtre. De fait, même si vous êtes 14 dans une baraque, vous travaillerez ce genre de choses en sourdine, expliquant à vos potes que vous partez faire un tour alors que vous rejoignez une fille dans un bar…
On a beau chercher à se cacher et à esquiver, il faudra que ce con finisse par rentrer dans le bar, vienne vous taper la bise, explique qu’il est un peu cassé de sa journée à surfer “des rouleaux de 4 mètres mon pote, après la soirée d’hier c’était pas évident“, commande “juste une bière, ou tiens un petit verre de rouge, non parce que l’alcool fort c’est terminé pour moi“, et votre proie le mate comme un tiramisu fruits rouges.
Vous vous sentez terne, moche, inintéressant et immature. Clairement, vous passerez de favori à outsider et finirez par vous demander si finalement il ne vaut pas mieux jouer le podium en Ligue 2 que le maintien en Ligue 1.
Depuis quelques minutes vous avez compris que vous ne la tirerez pas sauf exploit de votre part. Autant à Lyon je suis capable d’accomplir des miracles et de retourner des situations encore plus mal engagée, autant en vacances on n’a pas envie de s’emmerder non plus trop la vie pour une nana qu’on renverra plus.
De fait, après avoir fait le deuil de votre proie initiale, de votre heure passée à vous faire beau dans la salle de bain et de vos 30 balles dépensées au bar, parce que Mademoiselle ne boit que du champagne rosé, vous irez rejoindre au comptoir vos autres potes qui entre temps auront tous débarqués.
– Mets moi un wicoke steuplait mon lapin.
– Dis donc mon grand, je veux pas t’emmerder mais j’ai bien l’impression que le grand il va se taper ta gonzesse là !
– Ma gonzesse ? Ah non mais que dalle, c’est juste une pote d’ici, de toutes façons je suis déjà sur un plan à Lyon moi… on buvait un verre entre potes, basta.
– Ah donc là le fait qu’il lui roule des pelles ça te dérange pas ?
Oh putain mais il a raison, il est en train de la choper le con.
Dépité et déprimé, vous retournez au bar histoire d’accélérer le processus en vous servant des doses de chasseur alpin. Désormais dégueulasse, le front suant l’alcool et la chemise collant à la graisse de votre bide, vous n’aurez d’autres choix que de constater votre cuisant échec depuis ce canapé duquel vous hurlerez, la gueule déformée par vos cris de singe “Aventurier contre tout guerrier” avec votre haleine chargée au Red Bull tout en regardant du coin de l’oeil la langue de l’autre con, pantalon framboise impeccable, souliers lustrés, chemise blanche rentrée, cintrée et repassée, s’introduire dans la bouche de cette connasse qui vous a basé !
Le lendemain matin, vous espérerez secrètement débarquer au petit déjeuner et entendre un “ah ouais il l’a pas tiré finalement ? Oh lala mais c’est un manchot ! Putain quel tocard !“, mais on sait tous comment ça va se passer !
Vous attrapez un café tiède, un doliprane, une tartine, et poserez la fameuse question:
– Et au fait machin il a fini comment hier soir ?
– Bah on l’a laissé dans la boite avec la fille d’hier.
– Ah ouais ? Non mais il l’a pas tiré je pense si ? Elle avait l’air bien coincée 16ème quand même...
– Coincée 16ème tu dis ? Je sais pas mais en tous les cas ce qu’il lui a fait sur le ponton c’était pas coincé !
– Comment ça sur le ponton ? Tu l’as vu ??
– Non, mais je viens de l’avoir au téléphone, il arrive là. Il l’a fait 3 fois sur la plage avec elle et ils ont dormi dans le pool house de chez les parents de la meuf. Tu vois, t’aurai pu faire pareil si t’avais été bon…
Outre ce pauvre homme qui va récupérer sa fille au déjeuner comme si de rien était alors qu’elle vient de se prendre la session du siècle dans cette cabane à matelas qui symbolise ses vacances, la vérité est que vous avez encore chié dans la colle bien correctement.
Si l’autre con pourra encore faire des arrivées triomphales sur la plage avec sa combi de surf et son long board de trou du cul pendant que vous galèrerez à aligner 3 échanges de raquettes de plage avec le petit frère de votre pote d’à peine 14 ans, vous pourrez encore vous rattraper le soir et faire preuve d’une belle force mentale !
En tous les cas je vous le souhaite.
TGIF les effrontés, et bonnes vacances à ceux qui y sont déjà !
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