L’ angoisse de la page blanche.

by • Oct 13, 2016 • LifestyleComments (0)8634

On est jeudi. Le jeudi c’est raviolis, certes, mais aussi le jour de mon article pour l’Effronté. Et cette semaine je fais face à un cruel manque d’imagination. Une errance de sujets bof en sujets nuls, de Charybde en Scylla : l’ angoisse de la page blanche. Diantre.

Je sais que l’inspiration est une pute imprévisible. Parfois elle me saisi l’occiput sans crier gare pendant que je fixe le plafond durant une partie de jambes en clair. Parfois elle fait son petit bonhomme de chemin en disséminant des indices çà et là entre mes neurones pour que je me formule en douceur le thème de mon prochain en article avant de crier « Eurêka les gars ! Je vais faire un papelard sur les vergetures ». Et parfois l’inspiration me laisse galérer. Démerde-toi ma grande ! Et là j’avoue je suis à sec, devant l’écran de mon mac, la page blanche, immaculée. Et merde ! Je bois un petit café en me disant que ça va stimuler mon lobe frontal. Surtout que la team Effronté me rappelle à l’ordre. « Alors Amel tu publies aujourd’hui ? » « Ouais carrément ! Comme promis ! » « T’écris sur quoi ? » « Aaaah c’est une surprise ! «  Une putain de surprise ouais. Si j’arrive à pondre un truc valable je serais la première à m’en étonner. Et définitivement ça ne vient pas. L’angoisse je vous dit ! J’imagine que c’est ce qu’on ressent quand on arrive pas à bander.

Je fais des esquisses de sujets. « Ah tiens ça pourrait faire un bon article ça ! ». J’écris deux ou trois lignes avec enthousiasme, je relis. C’est nul à chier. Et l’heure tourne les amis. Pas le temps de niaiser. Il est temps de passer la seconde. Il me faut une solution, ça urge. Je consulte mes potes sur Facebook en messages privés. « Hey les gars, c’est le jour de mon article sur l’Effronté mais j’ai pas d’idée. *Smiley un peu honteux et confus* » Les réponses ne se font pas attendre. « Le conflit israélo-palestinien !» Non mais ça va bien oui ? « L’influence de la pensée néolibéralisme sur l’apprivoisement progressif du champs lexical en Occident ? » Ben oui, bien-sûr, et avec un peu de chance l’Effronté remportera un Pulitzer ! « La dernière émission de Cyril Hanouna ! Quand il met des tenias morts dans le string de son chroniqueur c’est trop drôle»  Et ta soeur ? « Les pâtes » Les pâtes ? « Ben ouais tout le monde aime les pâtes. »…. Ok je laisse tomber. Et franchement vous avez que des idées toutes pourries je suis désolée de vous le dire !

Etape supérieure, je troque le café pour une petite binouse en espérant que ça va stimuler mon hémisphère gauche. Bon aloooooors qu’est ce que j’ai fait cette semaine ? Y a peut-être une anecdote à exploiter. J’ai listé mes différentes expériences récentes en tentant de trouver un titre d’article correspondant. C’était pas glorieux.

  • J’ai fait un apéro avec des copines. « Tomates cerises et confidences : histoire d’une bouteille de Chablis »
  • Je me suis explosée la gueule en trébuchant sur un trottoir. « De l’importance de la stabilité le samedi soir en milieu urbain»
  • J’ai été bosser, comme d’habitude. « Working Girl et réunions : la vraie vie vue par des vrais gens comme vous»
  • Je me suis envoyée en l’air avec un fan de George Clemenceau. « Les Brigades du Chibre, ou comment séduire grâce aux hommes politiques décédés, »
  • J’ai maté un nanar de série z avec des gobelins végétariens tout pourris. »Troll 2 mérite-t-il un Oscar ?»
  • Bob Dylan a eu un prix Nobel. « Bod Dylan a eu un prix Nobel »

Oh putain mais ma vie est super chiante en fait ! Face à ce triste constat j’ai décidé d’ouvrir une deuxième bière en pleurnichant. (« Boire et déboires : la vie palpitante d’une blogueuse »).

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Rien. Rien. Toujours rien. Je me suis mise à faire le tour de mon appart pour réfléchir. Ce qui m’a pris approximativement 22 secondes vu l’étendue de mon humble demeure. L’heure avançait inexorablement et je n’avais toujours pas la moitié d’une idée de début d’article. Je me suis fait un cocktail Suze/Passoa pour stimuler ce qu’il me reste de matière grise. L’actualité peut-être ? Mais oui ! C’est ça la solution ! Faire un bon vieux newsjacking des familles en écrivant sur un sujet d’actu. Malheureusement, je ne regarde jamais la télévision et ne suis pas une grande adepte des journaux. Ma seule source d’information est donc Twitter, ce qui, vous en conviendrez, manque cruellement de déontologie journalistique. Qu’à cela ne tienne ! Je me suis penchée sur les sujets ayant fait le buzz sur la twittosphère avec l’espoir de trouver enfin un truc à me mettre sur le clavier. J’avais donc en vrac : un tweet rancunier de Valérie Trierweiler, les Galaxy S qui explosent à la gueule des utilisateurs, le nouveau film des frères Dardenne et le hashtag #RemplaceUnMotParPoireauDansUnTitreDeFilm. God dammit !

Je suis passée à la tequila en me disant que ça allait me stimuler tout court. En moins de deux j’étais à genoux sur le tapis de mon salon à faire des incantations mystiques au Cercle des Poètes Disparus. « Charles Bukowski ! Donne moi la force de continuer s’il te plaît ! » Aux grands maux les grands remèdes ! J’optais pour une solution radicale : l’écriture automatique. Peut-être qu’un fantôme charitable aurait la bonté de me transmettre sa parole. En tout cas, sur le coup, cela me semblait être une idée des plus formidable. J’étais donc avachie sur ma table basse écrivant des mots aux hasard avec une graphie proche d’une ordonnance rédigée par un médecin en sevrage de Subutex. Les mots ont surgit sur ma page blanche, à savoir le verso d’une facture EDF « Fille orgiaque surgie et devinée, le premier jour sur la digue de Balbec » Mais que c’est nul.

Désespérée j’ai envoyé un message à la rédaction de l’Effronté pour leur dire que je ne publierai rien cette semaine. Aux vues de mon message ils m’ont répondu que c’était peut-être mieux comme ça. En effet, j’avais envoyé par erreur le GIF d’un moustachu déguisé en banane qui se curait le nez devant la Roue de la Fortune en guise de pièce jointe. Voilà pourquoi vous n’aurez pas d’article aujourd’hui. Que voulez-vous que je vous dise ? Ça ne se commande pas ces choses là !  La muse de l’inspiration assise dans un fauteuil sirotait son Suze/Passoa avec un air goguenard. Et la Rédition, atroce, despotique, sur mon crâne incliné plantait son drapeau blanc.

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