Hello les Effrontés, aujourd’hui c’est l’anniversaire d’Emily Blunt, de Louis Bertignac et de Jacques Séguéla… Mais c’est peut-être aussi le votre. Dans ce cas joyeux anniversaire à vous !
Les premiers anniversaires, on s’en rappelle pas trop. Ou on croit s’en rappeler parce que notre génération a grandi à l’époque bénie des camescopes et que nos vieux avaient décidé de conserver nos actions débiles de gamins sur bande en se prenant pour Godard. À 3 ans, je souffle mes bougies dans une horrible robe à fleurs avec pépé et mémé qui applaudissent le fait que j’ai postillonné consciencieusement sur le fraisier. L’image tremblotante montre ensuite l’enfant la moins douée du monde tentant désespérément de déballer son cadeau d’anniversaire, à savoir une SUPERBE BATMOBILE qui pouvait se transformer en avion qui lançait UN missile (vous avez eu la même, pas vrai ?), missile que je n’ai JAMAIS perdu tant j’y tenais (contrairement aux chaussures de Barbies qui passaient dans l’aspirateur, condamnant toutes mes poupées à porter des pompes dépareillées, question de style).
À 10 ans j’avais eu le droit d’inviter quelques copains copines à la maison. Distribuer des cartons d’invitation avec des autocollants et des paillettes dans la cour de récré donnait l’impression d’être quelqu’un d’important. On se fait vite aux mondanités. Le mercredi en question ma mère avait dû faire un roulé au nutella, ce qui constituait alors un genre de panacée gustative pour les enfants de CE2. On a joué au Monopoly assis par terre en robes de princesses. On allait jamais jusqu’à la fin de la partie parce que le Monopoly est un jeu profondément chiant et qu’on a toute la vie pour gérer ses placements immobiliers et ses hypothèques. À 17h les mamans défilaient dans le salon pour récupérer leur progéniture et ce fut, ma foi, une bien belle après-midi.
À 12 ans, j’ai organisé une BOUM. Et ouais ! J’étais cooooool. À l’époque je m’étais collé des barrettes avec des fausses mèches violettes et roses dans les cheveux et j’avais eu le droit de porter du gloss à paillettes que j’avais eu en cadeau dans Lolie, ou Jeune et Jolie, ou Fan 2 (je sais plus quel magazine merdique qui prépare psychologiquement les gamines à lire la presse féminine quand elles auront 10 ans de plus). J’avais constitué une super compil’ de musique RnB sur cassette et je crois me souvenir que la playlist comportait quelques slow sirupeux. Le slow c’est le truc qu’on fait QUE quand on est môme. Et cela constitue alors un élément déterminant dans le jeu de séduction prépubère… ça et les coups de pieds dans les tibias. Sérieusement. Le slow c’est un truc pour les pré-ados, les vieux dans les mariages et les films qui datent des années 80. Quand avez-vous dansé un slow pour la dernière fois ? Non, tourner langoureusement autour d’un lampadaire bourré à 5h du mat ça ne compte pas.
Plus tard les choses sérieuses commencent. À 14 piges je crapote sur ma première Black Devil au chocolat. À 15 je descend mon premier « vrai » verre d’alcool (manzana, malibu, passoa, je sais plus, un truc bien sucré que kiffent les ados et dont la simple évocation me donne envie de gerber). Je n’ai plus aucun souvenir de mes 17 ans, contrairement à ma bande de potes pour qui cette fête d’anniversaire constitue un évènement mémorable tant j’ai fait de la merde. On m’en parle encore presque 10 ans après. Aaaaaah ! Ma première gueule de bois. Quelle émotion… La seule chose qui ait subsisté de cette folle soirée c’est une tâche de vomi sur mes vieilles Converses All-Star délavées et déchirées et une aversion profonde et éternelle pour le muscat.
Mes 18 ans… euh… mes 18 ans… Tiens donc. Je n’ai aucune idée de ce que j’ai bien pu faire pour fêter mes 18 ans. Vous vous souvenez du jour de vos 18 ans vous ? J’ai dû boire j’imagine. Mais très bizarrement, cette date censée être un marqueur fort de ma jeunesse n’est pas restée dans les mémoires. J’ai peut être crié « J’ai le droit de vote ! Fuck le système ! », j’ai peut être envisagé de me faire tatouer « Mort aux vaches » mais ce qui est sûr c’est que je n’ai pas quitté le domicile familial comme je l’avais tant de fois promis à mes parents quand ils m’engueulaient.
Bizarrement après 20 ans, on fête moins les anniversaires. Ça consiste surtout à réunir pour l’occase sa meilleure équipe de soiffards et à se posticher dans un bar. Le seul truc qui rend la soirée spéciale c’est de hurler au barman « C’est mon anniversaiiiiiiire ! » en espérant qu’il dépanne une tournée de mojitos. Mais le barman, il en a rien à foutre de votre anniversaire, il en voit tous les jours des meufs comme moi qui essayent d’oublier qu’elles s’approchent douloureusement de la trentaine. La robe léopard n’y changera rien, faut bien faire tourner le commerce. Les temps sont durs ma petite dame, et pour les coupes de champ’ ça fera 40€.
Je me souviens d’une fois où mes copines m’avaient organisé une surprise. On s’était déguisées en meufs distinguées pour aller au bar du Sofitel boire un cocktail fraise/champagne. Puis comme ça coûtait trop cher, qu’on en avait marre de l’ambiance moquette et que, clairement, on se faisait un peu chier, on a sauté dans un Uber pour finir au sous-sol d’une boîte à descendre des shooters de bonhomme. Ces derniers portent le doux nom de Blowjobs (ouais y a une bite au fond du verre, on se marre). Et clairement on avait plus rien de distingué. On a fini par tituber sur nos talons jusqu’à un taxi que ça faisait chier d’avoir quatre pimbêches déchirées qui gloussent dans sa bagnole. Ben ouais, parce que vous avez beau avoir une minaudière assortie à vos escarpins, il n’empêche que bourrée vous êtes tout aussi reloue que le dernier des piliers de comptoir. Gardez-ça à l’esprit. Ça rend humble.
Il y a un an , presque jour pour jour, j’ai souhaité un bon anniversaire à un ami. Pour l’occasion je me suis fendue d’une embrassade (c’est pas tous les jours, je vous le dit). Je nous ai souhaité d’avoir encore ensemble autant de belles années que celles écoulées et plus encore. Ben figurez-vous que sur ce coup là je m‘étais plantée (c’est le passage émotion de la chronique, si ça vous plaît pas c’est pareil). Donc oui, c’est dur de vieillir, mais fêtez vos putain d’anniversaires merde ! Appelez vos potos, allez boire des blowjobs et soufflez vos bougies. À chaque fois, c’est une petite victoire.
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