Un jour les femmes gouverneront le monde, mais de toute évidence ce n’étais pas hier. Et oui, parce que le 8 mars, « la journée de la meuf », NOULÉFILLES on est bien trooooop occupées à profiter des promos sur les sacs, les chaussures, les produits de beauté et les couches-culottes…
D’abord, permettez-moi (et si vous ne me permettez pas je m’en fous) de vous rappelez que cette putain de journée n’est pas une fête. C’est un jour consacré à réfléchir un peu sur la condition féminine, à toutes celles qui se font mutiler, vendre, violer, qui n’ont pas le droit de lire, de montrer leur cul si le coeur leur en dit, d’être amoureuses et de baiser tranquilles… Mais ça non, tous le monde s’en fout. L’important pour la journée de la meuf c’est de mettre du rose à la télévision pour faire plaisir à la ménagère qui se prend des torgnoles le reste de l’année. Ça lui fait plaisir à la ménagère. Elle est comme ça.
Et à toi le beauf du dimanche qui pense que la journée des droits des femmes est un combat secondaire de bourgeoise névrosée hystérique, laisse-moi poliment te brandir mon majeur dans ta face d’attardé (oui, je tutoie le beauf). De toute évidence tu n’as jamais eu un frotti-frotteur de métro venant poser son chibre sur ton cul parce qu’en tant que gonzesse t’as pas beaucoup plus de valeur sur le marché qu’une entrecôte. Et encore ! Il doit y avoir des violeurs vegans j’imagine, qui s’émeuvent plus du sort d’un poulet que de celui d’une poulette.
Durant cette journée de la meuf, les marques en profitent pour faire -20% sur les crèmes anti-rides car on peut être féministe ET prendre soin de soi, bordel. J’imagine qu’être féministe et moche c’est faire vraiment de la provoc’. La journée de la meuf permet en sus de se taper les remarques bien lourdingues des collègues qui font un clin d’oeil suggestif en tenant la porte du bureau parce que « Hé, hein, c’est ta fête aujourd’hui ». Les femmes ont leurs journée dédiée comme la procrastination (25 mars), Star Wars (4 mai) et la bière (1er aout). Meuf et binouze : même combat !
J’ai également eu droit, en cette journée de la meuf, à une sortie mémorable d’un client au téléphone qui demandait à parler AU responsable alors que LA responsable justement, c’est moi. Irresponsable la plupart du temps mais ça il n’en sait rien. C’est seulement qu’en entendant ma voix chaude d’hôtesse de téléphone rose, on part du principe que je suis la sous-fifre écervelée du coin, assistante d’untel, certainement, tout juste bonne à faire le café quand on lui dit s’il te plaît, une pipe les jours de bonté (quand j’ai pas mes « ragnagnas »)
Mon mec m’a fait le coup de « hé, tu fais pas la vaisselle aujourd’hui, c’est la journée de la femme, tu la feras demain. Hahaha ! » Ce qui est complètement con parce que d’une, il a un lave-vaisselle, de deux nous étions chez lui, donc c’est à lui de se taper les corvées. Complètement con je vous dit. En même temps mon mec n’a pas inventé l’eau chaude. Si c’était le cas il aurait eu simplement à rajouter du Paic Citron dedans pour laver sa casserole merdique avant de se la foutre au cul. « Oh ça va c’est de l’humouuuur. »
Une célèbre société de fleuristes a eu l’idée dans ma ville de distribuer des roses aux passantes pour la journée de la meuf, parce que c’est bien connu, les gonzesses adorent les fleurs. Histoire de dire gentiment « bon les minettes, une sur 10 se fera tripoter ou troncher sans consentement au cours de son existence de femelle…et ça…. c’est triste… pluie de pétales sur vouuuuuus ! XOXO ». Olàlà mais c’est trop gentil ! Moi qui aime tant les fleurs ! Délicates et jolies, comme les zouz d’aujoud’hui… (Je déteste ça au passage. Si un admirateur secret a pour ambition de m’envoyer un cadeau à la rédac de l’Effronté, qui m’offre plutôt une bouteille de whisky…)
J’en ai profité pour faire le test en ligne afin de connaître l’écart de salaire avec un homme au même poste que moi et figurez-vous que je gagne 20 fois plus qu’un gars pour le même métier. Bon évidemment, casse-couilles professionnel est un job plutôt féminin je vous l’accorde, bien que de nombreux hommes s’illustrent dans la profession. Dépassons les préjugés de genres que diable ! Il faut apprendre aux petits garçons qu’ils peuvent devenir casse-couilles s’ils le souhaitent et que cela n’a rien à voir avec leur sexe (enfin si, un peu, enfin bref).
Pour clore cette journée de la meuf en beauté, j’ai décidé courageusement de rejoindre le mouvement féministe #FreeTheNipple qui revendique le droit d’exposer les tétons féminins puisque la gent masculine a le droit d’exhiber les siens à tout bout de champ. J’ai donc traversé la ville top-less, ce qui n’a visiblement choqué personne. Un instant j’ai cru en une formidable évolution des mentalités avant de me rendre compte que tout le monde me prenait pour un petit garçon qui aurait perdu son pull.
En fait la revendication de la journée des droits des femmes est extrêmement simple à comprendre : mêlez-vous un peu de votre cul et laissez-nous gérer le notre tranquillement. Sur ce, bonne journée de la bêtise à vous tous, même si on la célèbre toute l’année apparemment.
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