TGIF – Thank God It’s Friday | En Mai fais ce qu’il te plait

by • May 01, 2015 • T.G.I.F.Comments (0)2724

Amis du brin de muguet bonjour,

“En Avril ne te découvre pas d’un fil, en Mai fais ce qu’il te plait.”

Déjà que souvent, à l’heure où vous lisez ces lignes le cul posé sur votre bureau, vous n’êtes pas spécialement vaillants à l’idée d’affronter cette dernière journée de la semaine suite à votre apéritif du jeudi soir, je n’ose imaginer votre gueule au sortir d’un jeudi soir veille de jour férié. Du coup j’aurai pu prendre le parti de me dire que de toutes façons vous ne lirez pas ma prose aujourd’hui, vous laissant pour unique article une phrase du genre “C’est le 1er Mai pour tout le monde, allez crever je suis en week-end.” 

Mais non, consciencieux jusqu’au bout, me voici me voilà !

Contrairement à ce que laisse penser cette météo maussade qui sévit toujours au dessus de nos augustes caboches, tous les voyants sont au vert pour nous indiquer la direction de l’été. Le hashtag summer2015 servant de légende à une photo de doigts de pied sur une plage va pouvoir ressortir du placard, souvent accompagné d’un “L’enfer du lundi matin”, “Difficile la vie”, “On n’est pas bien là ?!” et le petit nouveau sur le marché “thug life”. “Tempête de ciel bleu” étant de loin celui qui me rend le plus agressif derrière mon écran.

En attendant, nous voici en ce jour saint de la fête du travail, permettant à la France de gauche de manifester contre les méchants patrons, à la France d’extrême droite de rendre hommage à Jeanne d’Arc et aux Français normaux d’entamer le mois de la glande avec allégresse, tout en étant pratiquement certain de se faire engueuler par sa femme et sa mère après avoir oublié d’acheter le traditionnel brin de muguet.

Le mois de mai est donc depuis moult temps le mois de la glande absolue, où le commun des mortels peut jouir d’une certaine sérénité ambiante pour jouer à la pétanque, se latter au Ricard, partir faire des trekkings dans les Dolomites ou encore profiter des longs week-ends pour attaquer la saison du midi, et mettre 8H pour faire Saint-Tropez/Lyon le dimanche de l’Ascension, coincé sur l’autoroute derrière un Scenic gris métal arborant fièrement un pare-soleil Bob l’éponge.

Le mois de mai rime également avec le début de la saison des mariages. Etant moi-même d’un âge où les potes s’épousaillent, je me sens comme Owen Wilson et Vince Vaughn au début du film Sérial Noceurs. Les costumes sont sous housse, les souliers cirés, les cravates repassées et les noeuds papillonnés, les dents lavées, le teint hâlé, nom de dieu ça va barder.

Pas de lieu commun en ces lignes, mais il va sans dire que toute la meute de mecs célibataires qui se font 4 ou 5 mariages par an n’ont qu’une idée en tête: s’en faire sauter une dans le parc pendant la réception. Mon absence de pudeur me pousse à la transparence la plus absolue… la chope dans les mariages est l’une de mes grandes spécialités.

Spécialité reconnue à travers les âges et les continents puisque j’ai reçu un SMS d’un ami ayant commencé sa wedding season il y’a deux semaines me demandant si je connaissais un château bien connu du Beaujolais, et, le cas échéant, dans quel partie du parc il convenait de faire sa petite affaire sans se faire attraper par tout le monde. Devenir une référence dans un domaine aussi prestigieux, je suis ému.

Se faire choper par tout le monde et passer pour un gros dégueulasse, voici le risque principal auquel s’expose tout jeune couple désirant assouvir cette passion dévorante qui les consume, sans doute en raison d’une grosse quantité d’alcool absorbée dans une chaleur étouffante, excités par ces hommes en beaux costumes et ces filles aux robes décolletées et élégantes, émus par cette idylle célébrée devant Dieu vivant Dieu très haut.

En règle générale, la concurrence arrive très en avance devant l’église pour pouvoir attaquer le repérage avant même le début des hostilités. L’effronté du vendredi va se fendre d’un conseil. Et encore quand je dis conseil, on pourrait plutôt appeler ça botte secrète: Arrivez à l’église en dernier, soit pile poil entre le marié et la mariée et de fait vous serez remarqué par toutes les filles de l’assemblée. Si le mariage en question réunit tous vos potes, profitez d’avoir les yeux de toutes ces filles braqués sur vous pour faire des petits signes aux copains qui se foutront de votre gueule pour votre retard, faites le mec à la fois speed, gêné mais un peu drôle, et généralement vous saurez qui vous allez secouer derrière les géraniums avant même d’avoir chanté “Tressaillez de joie”.

Autre conseil qui peut éventuellement avoir son importance pour ne pas se griller dès la sortie de l’église: éviter de gueuler “Celle qui attrape le bouquet je lui fais le cul” en pensant que personne à part vos 3 potes vous écoutent. J’en ai fais l’amère expérience devant la basilique d’Ainay un beau samedi d’été, les regards noirs qui se sont abattus sur ma face m’ont très nettement fait comprendre que j’étais passé pour un être immonde et abjecte.

Non, là où il faut bien généralement définitivement marquer des points est au cocktail, pour plusieurs raisons:

– Pour pouvoir briller pendant le dîner il faut être témoin. Cette fonction honorifique permet déjà de clairement faire comprendre à la mignonne que vous n’êtes pas n’importe qui à ce mariage, et surtout que vous savez accaparer l’attention de 250 personnes qui bouffaient tranquillement pour leur expliquer que la mariée était une enfant bouffie puis une ado nymphomane, précédent les copains du marié qui ne vont pas tarder à raconter l’alcoolisme profond de leur ami d’enfance pendant ses études ainsi que son absence totale de sens des responsabilités devant sa nouvelle belle-famille.

– La fille que vous avez repéré partage la même table que plusieurs copains à vous avec lesquels vous savez que vous pourrez facilement briller avec une petite pointe d’esprit. Pendant le dîner, munissez vous de votre verre de rouge, allumez une cigarette, rendez vous à cette fameuse table, interpellez vos amis sur la qualité des mets servis, la beauté inégalable de la mariée, l’émotion ressentie lorsque le “Oui, je le veux” a retentit dans l’église, riez de votre retard en expliquant que c’est de la faute de “ce débile de Paul qui a encore mis 3 plombes pour ajuster sa cravate, toujours la même à chaque mariage d’ailleurs, à force il aurait pu se démerder pour savoir faire son noeud”, fixez là un bref instant et demandez lui comment se passe sa soirée avant de regagner votre table, prêt à ressurgir quelques minutes plus tard lorsque la fête battra son plein.

Bref, nous voici arrivés au firmament de la soirée, lorsque les mariés se rendent main dans la main autour de la pièce montée, couteau prêt à dégainer, puis d’ouvrir le bal par une valse, un rock ou un ce qu’ils veulent d’ailleurs puisque généralement cela correspond à l’ouverture du bar, et donc la possibilité de se mettre enfin un whisky coca derrière la cravate.

Si la danse n’est pas votre fort, n’hésitez pas à bondir sur la bête tel un guépard avant qu’elle ne se décide à remuer son arrière train. Vous risquez d’en prendre pour des plombes avant qu’elle ne daigne faire une pause et surtout elle se fera inviter par votre pote insupportable qui danse le rock comme dans Grease et qui vous relègue au rang de connard insignifiant. Non, retournez très très vite à la table de vos fameux potes où elle se trouve, buvez le café là bas, engagez la conversation avec elle, proposez lui de vous accompagner pour ouvrir le bar et en avant la musique.

Si vous avez été efficace, que vous retournez dans la bringue après un acte sexuel outdoor, et que vos potes vous demandent tous “Mais enfin t’étais passé où ??”, contentez vous de leur faire sentir vos doigts. C’est délicat, efficace et ça fera des souvenirs. Si vous vous sentez d’humeur joviale, ajoutez un petit “j’ai l’impression de sortir des Halles” et riez bien grassement. Vous serez définitivement un gigantesque dégueulasse mais vous aurez amusé la galerie.

Bonne saison des mariages, bon week-end de 3 jours, bon Muguet, bon défilé… et TGIF !!

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