TGIF – Thank God It’s Friday | L’école est finie !

by • Jun 19, 2015 • T.G.I.F.Comments (1)6441

Salut mes cadets,

Jeudi 15H, alors que je ne voyais pas quand est ce que j’allais trouver 5 minutes pour venir déblatérer mes imbécilités habituelles, nous avons eu droit à une énième preuve de l’existence de Dieu: une coupure Internet au burelingue. Chômage technique bienvenu à l’heure où mon bénévolat hebdomadaire démarre.

On ne va pas se le cacher, j’ai régulièrement plus rien à raconter une fois l’intro terminée et il me faut bien souvent parcourir deux ou trois fois mon feed Facebook pour trouver un peu d’inspiration. Cette semaine pas besoin, et pour cause…

Non parce que cette semaine il se passe un truc énorme. Un truc qui monopolise l’attention de tous les médias, qui empêche de dormir les ménagères de moins de 50 ans, qui angoisse le compte en banque du bon père de famille et qui fait faire caca mou aux morveux de 18 piges : le bac !

Pour parler de ce qui fut à l’époque notre Everest, il me faut me replonger dans cette tête à claques chaussée en Sparco que j’étais en ce temps divin. D’un temps où, pour les post-pubères Lyonnais, rentrer au First était une aventure suffisamment intense pour que ce soit notifié sur skyblog et statut MSN, que “Saxo” de Laurent Wolf était synonyme de pisseuses faussement bonnes déhanchant leur Cimarron sur un podium, que “Give me the night” de Georges Benson était la sonnerie universelle de la jeunesse dorée sur leur Sagem MyX5 et que “Love is Gone” de David Guetta rythmait nos premiers barbecues entre amis chez la copine Scarlett à Caluire-et-Cuire !

Depuis la 6ème j’étais inscrit dans le petit bahut bien bourgeois catho du quartier d’Ainay, royaume des culs bénis, dans le 2ème arrondissement de Lyon. Environnement très vieille France au sein duquel ma tronche basanée malgré mes origines exclusivement dauphinoises m’a permis d’être rapidement considéré par les mères de famille comme le petit camarade à ne pas approcher, donc de devenir la target idéale lors des soirées rallye !

Ce collège/lycée Chevreul se targuait d’un taux de réussite entre 99 et 100% au baccalauréat. Naturellement, mes parents, soucieux du parcours scolaire du rejeton, m’ont poussé à rester dans cette institution le plus longtemps possible. Puis en 1ère patatra. Alors que pour obtenir des scores aussi élevés, Chevreul proposait à ses petites têtes blondes 5 classes de seconde puis 3 de première, c’est dire l’écrémage, j’ai raté l’accession à la finale dans le money-time, puisque c’est en fin de cette fameuse première L que je fus reconduit à la sortie.

Hors de question de miser sur le mauvais cheval et de perdre 0,5% de taux de réussite, pousse toi de devant et casse toi ailleurs. L’entretien avec la directrice dont je tairai le nom mais qui doit encore faire frissonner ceux qui l’ont connu fut d’ailleurs extrêmement clair sur les motivations de cet établissement de prestige:

 Oui Adrien bonjour. Ecoutez hier en conseil de classe nous avons délibéré sur votre situation. Nous ne nous opposerons pas à un passage en classe de Terminale… si tant est que vous la fassiez dans un autre établissement ! En pension de préférence…

Cette phrase exaspérante prononcée d’une traite avec une gigantesque patate chaude dans la bouche sonna le glas de ma liberté semainière pendant un an.

Dans un sens c’était pas plus mal. Ayant déjà à l’époque un sens aigüe de la bringue, nul doute qu’une terminale en centre ville de Lyon ne m’aurait pas fait briller. Mes parents, conscients de l’enjeu de l’opération, ont donc suivi les recommandations de la blondasse de Chevreul et m’ont donc envoyé en pension, persuadés de faire le choix de la raison !

Si l’idée de départ était pas si conne, je suis désormais en mesure d’affirmer la chose suivante: si votre gamin ne branle pas grand chose en cours et qu’il aime bien déconner, ne l’envoyez jamais en pension ! Entre le mec de la chambre du fond qui fournit en pétard, celui du milieu qui a toujours de la vodka dans son mini-bar planqué sous son plumard et la tête brûlée qui déclenche l’alarme à incendie une nuit sur trois, réalisant l’exploit de ne jamais se faire griller en un an, on était davantage dans l’apprentissage de la vie en communauté et de la franche camaraderie que dans la recherche d’excellence et d’introspection salvatrice.

Preuve de ce que j’avance: j’ai connu les 2 autres cofondateurs de l’Effronté dans ce haut lieu de l’éducation nationale… on voit où ça mène !

Mon arrivée à l’internat après 7 ans chez les scouts ne fut pas sans encombre. Mes états de service ayant manifestement fait le court chemin séparant Lyon de Saint Genis Laval, j’ai été convoqué par le directeur dès le jour de la rentrée afin de me voir notifier mes droits. Le rendez-vous fut la aussi rapide et très concis:

– Adrien, j’ai donc reçu ton dossier scolaire avec quelques annotations de la part de ton ancienne directrice, Madame K… Je te préviens; à la première connerie tu dégages. 

Cocktail de bienvenue sans alcool, sans fruits exotiques et sans ombrelle, mais l’esprit convivial y’était assurément.

Bref, on attaquait l’année scolaire 2004/2005 durant laquelle le mot baccalauréat, qui nous paraissait si loin depuis la 6ème, est tout à coup devenu une réalité bien trop proche pour être vraie !

Le jour de la rentrée, encore ce jour funeste, on te le dit une bonne dizaine de fois. Ta prof principale, dans mon cas une quadragénaire obèse et pas baisée enseignant la philosophie avec ses cheveux coiffés en brosse et à la couleur aubergine, tente d’ailleurs de faire la meuf sympa tout en te rappelant que tu vas chier tes dents:

Bienvenue à tous. Je suis votre professeur de philosophie et j’ai également l’honneur d’être votre prof principale pour cette nouvelle année scolaire qui, vous le savez, est décisive pour la suite de votre vie. J’espère que vous avez passé d’excellentes vacances et que vous arrivez tous bien reposés car à partir de maintenant nous allons travailler à un objectif commun: Le baccalauréat ! 

Le mot est lâché, plus possible de faire machine arrière. Et puis un beau jour de juin, après 9 mois de rouleau compresseur, de bac blanc, de réflexions désagréables de prof “Alors je vous le dis je suis très inquiète. Vous n’êtes absolument pas prêts et vous allez vraiment au casse pipe. Hein !! Vous m’entendez ??? au casse-pipe !!!”, vous assisterez à votre dernière heure de cours.

Me concernant, ayant eu la chance d’avoir des grands frères bien plus vieux que moi, j’ai attendu depuis mon premier jour de CP cette merveilleuse journée qui sonnerait la fin de mes études secondaires. Si je me souviens parfaitement avoir écouté la chanson de Sheila “l’école est finie” dans le bus qui nous emmenait du dortoir aux salles de classe, j’ai aussi eu un bon moment de nostalgie une fois cette journée finie.

Après une semaine de révision intense pendant laquelle ma mère s’amusait à marcher dans le couloir avec une technique empruntée aux Sioux pour tenter de me surprendre en train de ronquer ou de télécharger un boulard au lieu de réviser, où la question “ça va tu te sens prêt ??” m’était posée 4 fois par jour, viendra le moment du dernier soir avant les épreuves, juste avant de se coucher, prêt à devoir affronter la philo le lendemain matin.

Qu’on se le dise, la veille du bac on dort mal ! Outre le petit mal de bide qui commence à poindre et la tête qui ne veut pas s’arrêter de passer en revue toutes les théories philosophiques apprises pendant l’année, ce n’est que vers 2H du matin que j’avais réussi à m’endormir en ce, dans mes souvenirs, 14 juin 2005.

Le reste est assez flou. On est dans un marathon assez intense avec les langues, l’histoire, la philo, l’oral d’Anglais renforcé, lettres… et puis c’est la fin. Alea jacta est, il n’y a plus qu’à attendre 2 semaines pour enfin savoir si on a le précieux sésame pour partir en études supérieures se pinter la gueule et attraper de la chaudière, ou si on va pouvoir reprendre une carte de cantine.

Cette putain de dernière journée avant les résultats me reste encore en mémoire. Je sortais à l’époque avec une fille dont le beau-père avait une situation lui donnant d’avoir les résultats avant les autres… Elle l’a donc su la veille au soir, lui permettant de se la ronfler pendant que fondamentalement j’avais un début de colique.

Si aujourd’hui les résultats sont disponibles sur Internet le matin du jour J, en 2005 il fallait encore patienter jusqu’à 17H et se rendre sur les lieux du crime pour espérer voir son nom dans la catégorie admis. Bien évidemment, nous avions tous des potes présents depuis midi au cas où et qu’on avait mandaté si jamais les résultats étaient affichés avant.

16H30, 3ème paquet de Lucky Strike entamé, j’attends mon père devant le parking Antonin Poncet pour qu’il m’accompagne jusqu’au lycée René Descartes à Charbonnières chercher ce résultat capable de m’envoyer 1 mois au Cap-Ferret ou 2 mois chez ma grand-mère à Chasse sur Rhône.

Nous sommes dans la voiture et mon téléphone sonne. Une voix grave est au bout du fil.

– Allô. Ouais ? Ils ont mis les résultats !

Le coeur bat à 2000 à l’heure et les fesses font bravo sur le cuir de la caisse.

Alors ??? 

– C’est bon tu l’as. Moi en revanche je suis aux rattrapages donc pas d’effusion de joie steuplait.

Si mon père a immédiatement mis un coup de pile dans la bagnole pour aller fêter ça dans le premier bistro, la joie qui fut la mienne a été d’une intensité pour l’instant jamais égalée. Cette sensation de liberté et cette envie de retourner dessiner des bites sur le front de la blondasse emperlouzée qui m’avait dégagé de mon bahut un an plus tôt étaient très fortes mais mon père, plus pragmatique, a préféré lui envoyer par courrier une photocopie de mon relevé de notes.

Seul bémol à l’opération: la moyenne générale.

– Ok tu l’as eu et je lui envoie ton relevé de notes parce qu’elle nous a bien emmerdé l’an dernier. Mais enfin 10.31 on va pas spécialement pavoiser non plus…

Je sais pas si on a pavoisé, mais cette note était suffisante à mon bonheur. Pour les connaisseurs, même Albert du Café du Pond avait alors payé sa bouteille de blanc pour ma bande de potes qui squattait déjà sa terrasse à 17 ans.

Cet été du bac fut sans aucun doute le meilleur de toute ma vie… Alors les gamins, rien que pour ça, passez votre bac et réussissez le…

Quant à vous les plus grands, évitez les bac winners cette année. Je sais bien qu’à 18 ans certaines gamines sont déjà des avions de chasse mais un peu d’éthique bordel !

TGIF les copains !!

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