TGIF – Thanks God It’s Friday | 8 Novembre 2013

by • Nov 08, 2013 • T.G.I.F.Comments (0)3527

Comme son nom l’indique, cette rubrique est placée sous le signe de la joie, la bonne humeur et la manifestation de son contentement au week-end naissant. Le contentement au jour naissant était lui communément appelé la gaule du matin. (Nous aborderons dans une prochaine rubrique les 5 atouts vitalité d’un mammifère mâle, ce que je suis, voilà c’est dit.)

Nous ne débattrons pas sur les mille et une façons de passer un bon week-end, la notion étant trop subjective et trop assimilée à la situation financière, maritale et géographique de chacun. Pas de discrimination en ces lieux, ce serait trop segmentant.

Me concernant, pour fêter nos poilus, héros de Verdun, des Ardennes et du traité de Versailles, en ce week-end bleu, blanc et rouge du sang de ces fumiers de teutons qui voulaient nous piquer l’Alsace et la Lorraine (plutôt crever que de paumer une terre à vin), me voici à Dubaï, charmante bourgade du Golfe persique.

Bon, je vais être franc, je suis pris au dépourvu. Bah oui parce que je suis arrivé ce matin et que mon objectif était de faire ici un résumé de mon expérience Dubaïote, histoire que le cas échéant vous ayez une sorte de guide… ce ne sera pas le cas, TGIF c’est vendredi, voyez m’en navré ! Toutefois, il y’a quand même deux ou trois choses à en dire, messires.

Tels les chercheurs d’or dans le Klondike au 18ème siècle, nombreux sont les Européens à venir tenter leur chance dans le coin. Pas d’impôts, pas de TVA, vie pas plus chère que dans une grande ville de province française, 30 degrés mi-novembre (si, si, je rentre de la plage), le plein emploi et des avions de chasse tous les trois mètres. La compagnie locale Emirates est l’une des meilleures du monde et propose des vols quotidiens d’un peu partout en France vers la péninsule arabique. Il est vrai que ça change de la morosité ambiante que l’on trouve dans nos pourtant si belles contrées…

Effectivement, ici, l’argent est partout et rien ne semble pouvoir arrêter cette frénésie, eux qui, pas folles la guêpe, ont bien compris que le pétrole ne jaillirait pas ad vitam eternam. Du coup ils investissent un peu dans tout, et ça marche. Le principe est simple : à Dubaï il faut faire tout mieux que tout le monde. Burj Khalifa et ses 828 mètres de hauteur (plus haute structure du monde), Burj al Arab et son hôtel 7 étoiles (cas unique au monde), Bentley et ses deux concessions dans une même ville (idem…). Tout est démesuré, luxueux, hallucinant et, je dois bien l’avouer, donne envie très vite de bosser dur et de faire parti de cette catégorie de happy few, de ceux qui font et de ceux qui ont. Je suis quand même obligé, conscience syndicale oblige, de signaler que ce nouvel eldorado est financé par des gens très riches, mais construit par des Pakistanais quasiment réduis en esclavage,  travaillant 18H par jour dans des conditions sanitaires épouvantables. C’est bien de le savoir aussi. Mais bon, on m’a expliqué qu’on ne passait pas de 50 à 2 262 000 habitants en 60 ans sans casser des œufs. C’est un point de vu.

Toujours est-il qu’il n’est pas donné à tout le monde de supporter cette vie. Déjà parce que certains ont le mal du pays dès qu’ils font 30 bornes, que de avril à octobre les températures dépassent sourire aux lèvres les 50 degrés, mais aussi parce que tous nos repères d’Européens s’envolent très vite.

Si vous voulez, quand on regarde Dubaï de loin, on se dit que c’est grosso merdo la copie Hallal de New York ou de Tokyo, et que donc en bas de ces buildings ça pullule de petits restaurants servant des brochettes ou des plats au sauce, de ruelles certes modernes mais avec du cachet et des boutiques d’artistes façons Greenwich ou Soho. Crévin dieu que non, mon colon ! Ici la ruelle est une 2 fois 3 voies, l’autoroute menant de l’aéroport est une 2 fois 8 voies et la petite boutique sympa est nichée au 4ème étage d’un immense mall, à peu près 14 fois plus grand que les Galeries du Boulevard Haussman. Ici, pas la peine d’espérer un petit plat du jour pépère à l’ombre d’un marronnier, une binouze entre biroutes avec une boule de pétanque à la main, ou de flâner dans un quartier sympa. Ici on ne flâne pas, on consomme, on s’apprête, on se montre et on ne déconne pas bordel !! Quand on sait que le Cayenne Turbo est l’équivalent Dubaïote du Multipla, je vous laisse imaginer que vous n’avez pas intérêt à vous planter dans vos choix de consommation.

Enfin là je ne vous apprends rien, dire que Dubaï s’est monté de toutes pièces pour attirer de riches occidentaux en mal de soleil et d’aventures, c’est juste évident et je n’aime pas tirer sur les ambulances. Plus ça va, plus on connaît des potes, ou des potes de potes, partis à Dubaï en quête de fortune et d’expériences avant de rentrer quelques années plus tard, le compte en banque plutôt garni pour leur âge, des souvenirs plein la tête, un esprit bien moins étriqué et un solide CV. Notre vieille Europe est en crise et, je l’ai lu récemment, est considérée par à peu près toute la planète comme un continent musée où chacun pourra venir voir comment on vivait avant les années 2010 entre nos beaux monuments et notre « french cuisine ». En crise mais fidèle à ses certitudes, l’Europe laisse donc partir chez ses amis et concurrents ses cerveaux les mieux garnis, restés d’abord chez eux se faire voir puis partis se faire embauchés ailleurs. Alors pourquoi pas Dubaï ?

L’Asie, il faut supporter !

Les Etats-Unis, ils ne vous ont pas attendu les gars.

L’Australie : le visa est devenu plus compliqué à obtenir qu’aux States et puis bon, c’est vraiment le bout du monde.

A Dubaï il fait beau, c’est dépaysant, on donne sa chance au premier petit gars qui se pointe, même avec un CAP, pourvu qu’il soit démerdard et bosseur.

En clair, un week-end entre potes à Dubaï peut vraiment être un bon plan, à condition d’avoir un contact sur place pour vous faire rentrer dans le cercle. Sinon, vous resterez dehors, aussi frustré qu’une fille qui chope ses règles juste après la pipe.

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