Salut les coquins,
Vous allez dire que je le fais exprès mais pour la troisième semaine consécutive, c’est dans le TGV Lyon/Paris que mon séant de jeune fille est confortablement installé afin de gratter mes quelques calembredaines hebdomadaires.
Afin de donner du rythme à cette prose que j’ai la prétention de croire distrayante, l’ami Michel Volland, dit Décibels, grand tourneur de disques des Alpes françaises, m’a fourni une petite merveille mixée par Paul Kalkbrenner lors de Tomorrow Land 2015, le tout en vidéo.
Alors que depuis ce fauteuil de TGV ma foi confortable j’ai tout loisir de contempler la campagne française passée aux heures d’automne, la flotte arrosant le cul des vaches qui de fait sont allées faire meuh meuh sous des arbres perdant leurs feuilles, cette vidéo d’une jeunesse droguée, alcoolisée et insouciante, profitant des festivals estivaux, me rend tout à coup nostalgique de ces festivités pas si lointaines et pourtant terminées jusqu’à l’année prochaine. C’est un fait: ce TGIF est le dernier de l’été 2015, ou plutôt “S U M M E R 2 0 1 5” comme on peut le lire en titre des albums photos Facebook des petites fashionistas ou des trentenaires sur le retour.
J’ai l’impression que tout le monde s’est donné le mot pour m’emmerder. “Dis donc ce temps ça fait vraiment automne hein ? Les vacances sont déjà bien loin”, “Putain 20H30 il fait nuit noir” ou encore “ça y’est les grosses chaleurs ont disparu. Il fait frais le soir”. A croire que tous les ans les cons découvrent qu’après l’été c’est l’automne.
De toutes façons moi j’adore l’automne. Si quand j’étais gamin, la chanson “colchiques dans les prés, c’est la fin de l’été” qui nous racontait l’histoire de la feuille morte emportée par le vent me foutait le plomb, aujourd’hui je vois les choses différemment. Et plus que l’automne, ce que je préfère, ce sont les week-ends à la campagne en automne.
Globalement la perspective de me barrer loin des cons pendant 48H, vivre en vase clos avec des potes, du pinard, des digestifs de qualité, un cigare pour la route et du paté de tête me rend heureux comme un séminariste à la sortie d’une école primaire.
C’est malheureux, mais j’ai l’impression que j’ai largement fais mon temps dans les boites de nuit et que l’idée de m’accouder sur un zinc tout collant à cause des verres d’alcool renversés, d’aller aborder une fille pour lui proposer un verre avec les yeux révulsés, l’haleine d’un chasseur alpin et avec l’impossibilité d’articuler convenablement me casse les couilles. Sans parler de la gueule de bois du lendemain et des lignes sur le relevé de compte.
Non, désormais à l’automne, ce que j’aime c’est me mettre au vert ! Nous vivons dans un pays où la campagne est ravissante, autant en profiter.
C’est donc fort de ce constat que depuis quelques week-ends, je m’efforce de quitter la ville et ses spotlights, ses bistros et ses tentations, pour m’orienter davantage vers un tourisme nature et randonnées pédestres au coeur de ces sentiers oranges en cette saison.
Je vous dresse le décor du week-end automnal parfait selon votre serviteur, qui, je vous prie de me croire, fait figure d’autorité dans tout ce qui concerne l’hédonisme, ou le kiff comme disent les jeunes.
Vendredi 18H, la voiture garée devant le burelingue avec déjà le matos tout prêt à l’intérieur, à savoir froc en velours côtelé, Timberland pour les flaques d’eau, gros manteau au cas où et une petite sélection de rouquins bourguignons pour accompagner la terrine de lièvre, vous vlà parti en direction du calme. Si les Parisiens opteront pout la Normandie, le Perche ou même Fontainebleau, nous autres Lyonnais préfèreront des contrées plus proches mais non moins charmantes telles que le Beaujolais, le Bugey ou bien l’Ardèche.
Une petite heure de bagnole plus tard le dépaysement sera total: une maison paumée, des odeurs d’humus et d’herbe mouillée par la pluie, un feu de cheminée et des potes dans le salon. Généralement, le vendredi soir sera consacré à la descente active et systématique de toutes les bouteilles présentes dans le secteur, le tout en causant boutique avec les copains et en oubliant pour 48H les tracas du quotidien stressant d’un jeune citadin.
Ce que je préfère, c’est arriver dans les derniers. Non seulement la partie chiante du week-end, à savoir la mise en place, est déjà réglée par ceux qui sont déjà là, mais en plus on a le droit d’entendre la phrase qui personnellement me transforme en ravi de la crèche.
“Pose tes affaires mon lapin, en attendant je te sers un petit coup de blanc et je sors le sauciflard”
Cette phrase pleine de charme et de poésie annonce le début d’un week-end qui sera parfait.
Le samedi matin, alors que pendant un week-end classique en plein centre ville vous vous seriez fait réveiller par les coups de klaxon, vous aurez cette fois tout loisir d’ouvrir les volets de votre piaule pour contempler la campagne environnante.
Après un petit-déjeuner bien copieux grâce au bon pain du boulanger du village, sortez marcher en forêt ou dans les chemins qui bordent les pâtures, discutez de la vie, faites le point sur vos affaires, votre avenir ou pourquoi pas votre couple, remplissez vos poumons d’air pur et surtout ne pensez pas à cette ville polluée et si mal fréquentée le samedi après-midi. Personnellement j’aime beaucoup profiter de la saison et de la forêt pour aller aux champignons. Attention tout de même, si vous n’êtes pas fins connaisseurs, on est d’accord que c’est un coup à mal finir votre week-end…
Et puis quand l’heure de l’apéritif approchera, envoyez donc les gonzesses dans les commerces du coin pour y trouver de quoi faire un bon dîner du terroir le soir même, tandis-que vous irez, entre hommes, choisir du bon vin afin tout de même de se taquiner un petit peu le palais.
Si vous avez un pote qui possède une maison de famille dans une campagne pas trop trop loin de votre lieu de vie, la tâche sera évidemment plus facile que s’il vous faut louer une cambuse pour le week-end. N’empêche, ça doit pas être bien cher à plusieurs et quel plaisir de se retrouver tous ensemble autour d’un bon feu de cheminée, un verre de whisky tourbé main droite et la main gauche qui sélectionne quel saucisson sera coupé pour patienter jusqu’au dîner.
L’automne et l’hiver sont des saisons propices à ce genre de plaisir, alors profitez-en bien !
TGIF !
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