Salut mes coquins,
Je remercie les quelques irréductibles et autres fans inconditionnels qui n’ont pas attendu d’être vendredi pour me demander comment s’était passé le mariage princier de la semaine dernière, ainsi que la rédaction puis la lecture de mon discours. Alors oui tout s’est bien passé, la journée fut belle, la mariée aussi, le discours a amusé l’assemblée et j’ai même été félicité par une bande de post MILF et pré cougars munies de capotes à la cerise et arborant un sourire gourmand.
Le problème des mariages n’est pas tant le jour même où le temps est suspendu, où les gens sont heureux, et où on se colle une mine de chasseur alpin, mais plutôt le lendemain au brunch. C’est marrant comme la petite brune un peu boulotte, blanche comme un cul avec sa paire de sandales et son jean mal coupé était plus bonne hier soir montée sur 10 centimètres de talons, sa robe bleu moulante et son teint halé.
Idem pour nous messieurs, c’est fou comme définitivement on a une meilleure gueule avec un costume griffé, une chemise repassée, un noeud pap ajusté, des chaussures cirées, lustrées et imperméabilisées et une gueule travaillée, plutôt qu’en lendemain de race avec les joues bouffies, une haleine de teckel et le bide tendu comme un arc.
Fort de ce constat de “désauce” en lendemain de mariage, mes potes et moi avons instauré depuis quelques années un système de points garantissant à celui qui réussira à choper au brunch un ticket magique donnant droit à une invitation à tous les mariages pour les 15 prochaines années. A ce jour, le ticket gagnant est toujours en circulation…
Pas étonnant ! S’il est évident que les lendemains de race sont de plus en plus compliqués à vivre au fil du temps, il est aussi à noter que les stigmates ne sont plus uniquement “internes”. Si le mal de crâne, la gerbe, la tachycardie et l’impression de bouffer un pot de crème pour les pieds a toujours été plus ou moins le lot des jusqu’au-boutistes de la night, la trentaine apporte en plus aux réjouissances de la gueule de bois un visage salement meurtri, des cernes, la peau laiteuse, les yeux vitreux et la même voix qu’Amanda Lear sous antibio.
Le truc le plus hard core dans ce nouveau constat de gueule de bois est le temps de récupération. Si dans le temps je me faisais un Dafalgan mélangé à une canette de rôteuse pour remettre le facteur sur le vélo, désormais je suis au bout du scotch pendant 2 jours. Et le pire c’est pas le lendemain, mais le surlendemain. Courbatures, tremblote et bon nombre de symptômes jusqu’alors inconnus envahissent votre corps et ce ne sera qu’à partir du mercredi midi que pourrez envisager de fumer une clope sans craindre l’occlusion intestinale.
Qu’est-ce que je regrette le temps de mes chères études pas si lointaines où l’on pouvait se mettre copieux le jeudi soir jusqu’à pas d’heure et être malgré tout en cours à 8H le vendredi matin, avec pour seul et unique remède une canette de Perrier Citron Vert enquillée dans le métro. Bon OK, j’ai du traverser l’amphi un matin façon Usain Bolt pour finir ma course dans les toilettes les plus proches, mais globalement on encaissait bien !
Etudiants, se rouster pendant le déjeuner représentait d’ailleurs un passe-temps de premier choix puisqu’il nous permettait de passer pour les rebelles, les populaires…, les bringueurs. Il faut aussi admettre que l’après-midi passait bien plus vite…!
Aujourd’hui, jeunes cadres dynamiques (chacun ajoutera le qualificatif de son choix), la pause déjeuner est souvent un bon moyen de prospecter, de déjeuner avec un client… en clair de joindre l’utile à l’agréable, renforcer sa relation clientèle tout en arsouillant un peu aux frais de la boite.
On n’est pas des chevaux de traie, c’est très généralement le déjeuner du vendredi, coincé entre la semaine et le week-end, que cette histoire de cuite au déjeuner est la plus vraie.
Généralement, ça commence comme ça, de manière très innocente. Je vous fais le dialogue:
– J’ai eu une semaine de malade, je suis éclaté ! En plus j’ai allumé un peu hier soir…
– On va prendre un pot de rouge. Le plus important après une chute de cheval, c’est de remonter !
– Justement pas malheureux, j’ai 1 milliard de trucs à torcher cet aprem si je veux passer le week-end peinard sans ouvrir l’ordinateur. Faut pas que je reparte d’ici plein cadre !
– Mais pas plein cadre !! Juste un petit godet pour faire glisser la barbac… donc si je commande un peu de pinard tu m’accompagnes pas ?
– Si, si, mais juste un pot alors, je sais comment ça va finir cette histoire sinon.
Vous venez donc de signer votre arrêt de mort. A partir du mercredi soir, vous commencez à humer le doux parfum du week-end, des embruns, du houblon et de la vigne. C’est à dire que si le lundi vous êtes encore tout à fait capable de vous limiter à un petit verre de rouge pour être courtois, en deuxième moitié de semaine c’est terminé. Reprenons le dialogue entre les deux futurs bourrés:
– Bon bah finalement on aura torché le pot avant d’être servi, on va quand même bien en recommander un pour accompagner l’entrecôte non ?
– Oh non tu fais chier !!
– Bah quoi ?! c’est quand même pas de ma faute si le service est lent…
L’entrecôte avalée, le coup de barre arrivé en pleine tronche, vous aurez de toutes façons passé le cap fatidique et plus rien ne sera comme avant en ce vendredi après-midi qui n’avait rien demandé à personne. Une clope en attendant le fromage, un autre pot parce que le rouge accompagne bien le St Marcellin, un café et un Get parce que “ah bah toujours un Get après un gueuleton pareil, ça évite de sentir la vinasse et ça donne un coup de fouet”. Et mon cul, c’est du poulet !
Il est 14H45, vous allumez une clope en remettant votre écharpe devant la porte du restaurant désormais vide dans lequel vous venez de passer 2H30, vos yeux sont endoloris par la lumière du jour mais il vous reste encore un peu d’excitation post beuverie qui vous convainc que vous finirez votre taf hebdomadaire en deux temps trois mouvements. Oui mais voilà…
15H10, vous êtes enfin assis à votre bureau derrière votre ordinateur. Votre bide fait plus de bruit que le cri d’une jeune pucelle à un concert des One Direction, vous puez clairement l’alcool, l’échalote et le vin rouge vous laissent un goût immonde dans la bouche et vous rêvez d’une seule chose: vous foutre à l’horizontal et ronquer une heure.
Après avoir fait 1/2H de Facebook, 10 minutes sur L’Equipe.fr et 3 Candy Crush, vous aurez enfin fait le deuil de cet après-midi et attendrez sagement 18H pour pouvoir sortir et entamer le week-end.
Oui mais franchement, sortir du bureau un vendredi à 18H sans aller boire l’apéro, c’est un peu ballot non ?
Excellent week-end à tous !!
TGIF !!!
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