Salam à tous,
Comment ne pas commencer sans vous remercier mille fois pour vos retours encourageants et élogieux suite au TGIF de la semaine dernière à propos des rapports amicaux entre les filles et les mecs. Si les mecs ont majoritairement compris mon point de vu sur la difficulté de rester de marbre devant sa meilleure pote si cette dernière a un cul de 12, les filles ont émis plus de réserve, ces putes !
Alors que la canicule nous laisse un petit moment de répit, que le Français éternellement insatisfait se plaint sur les réseaux sociaux d’avoir presque un peu frais alors qu’il hurlait à la mort la semaine dernière à cause de la chaleur, que le Tour de France agrémente la sieste d’une bonne partie de nos compatriotes et que le week end du 14 juillet se profile dangereusement, on peut considérer que la France entière est en quasi vacances.
Vous pensez que le monde entier se caresse le dessous de couilles du 14 juillet au 21 août ? Détrompez vous ! Si dans tous les pays du monde l’année commence le 1er janvier pour se terminer dans une flaque de vomit le 31 décembre à 23H59, nous autres gaulois avons une année s’étalant sur un 10 mois et demi, du 1er septembre au vendredi précédent le 14 juillet suivant.
Alors que notre forte propension à se foutre de tout ou à peu près, que “ça passe” est le maître mot de la moitié de la population hexagonale, nous entretenons tout de même un paradoxe. Ce paradoxe s’appelle “formalité administrative”.
C’est marrant, alors que nous faisons preuve d’un laxisme remarquable pour des choses pourtant essentielles, nous perdons un temps incroyable dans des conneries de paperasse qui n’ont d’intérêt que pour ceux qui les inventent.
A moins de 3 semaines des vacances, le bon contribuable que je suis souhaite régler tous les petits soucis qui le tracassent depuis quelques temps et qui risqueraient de l’empêcher de se faire cuire le gras peinard sur la plage de Palavas. De fait, et pour être clair, depuis quelques semaines je tente de mettre en ordre tout ce qui de près ou de loin me casse les couilles format géant.
On est d’accord, l’administratif n’est pas mon fort. En fait c’est pas que je suis pas bon là dedans, c’est juste que ça m’emmerde tellement que j’en suis à préférer payer mes soins comme un gros con plutôt que de me taper des fiches de soin à envoyer à la sécu. Et pourquoi j’envoie des fiches de soin à la sécu ? Parce que ça me fait encore plus chier de devoir rassembler les deux millions de justificatifs pour refaire ma carte vitale…
N’empêche, si tout le monde était comme moi, la sécu n’en serait pas là !
Tout cela commence il y’a 5 mois lorsque, au retour d’un séjour à Dubaï décrit en cette rubrique, je me suis rendu compte que j’avais laissé ma carte d’identité dans la chambre d’une pute de luxe un bar. Allant donc EN mairie accompagné de toutes les pièces demandées pour ce type de formalité, le parcours du combattant commença.
– Bonjour Madame, je viens faire une demande de carte d’identité.
Mairie de mon arrondissement de Lyon, en plein coeur d’un quartier ultra catholique, je tombe sur une fonctionnaire ayant bien la tête à s’être fait taper dans la frisée par son cousin germain et à être la fille de son oncle. Consanguine donc, mais aussi zélée la connasse.
– Bonjour Monsieur. Vous n’avez jamais eu de carte d’identité ?
– Euh… si, mais je l’ai perdu donc je viens en refaire une.
– Ah oui donc on ne dit pas “faire une demande” mais “demander un renouvellement”.
– J’ai pas fait “langage administratif” à l’école à vrai dire… Du coup on passe la matinée la dessus où vous prenez mes pièces ?
– Bah faut pas vous vexer Monsieur. Bref, donnez moi ce que vous m’avez apporté. Vous vous êtes renseignés sur L’Internet de la mairie de Lyon ?
– Oui oui je suis allé sur votre site pour pas perdre de temps.
– Ah oui non mais notre site n’est pas à jour, entre temps il y’a des nouvelles pièces à apporter, comme votre certificat de naissance…
A l’issue de cette phrase, vous avez immédiatement compris que vous vous êtes lancés dans un jeu de piste qui s’annonce long et moralement fatiguant. D’un autre côté dans ce jeu de piste il y’a qu’une seule case à jouer, c’est la consanguine blonde en cardigan Saint James vert pomme.
– Et puis vous avez déclaré la perte de votre ancienne carte d’identité dans la mairie de la ville où ça s’est passé ?
– Bah… c’était à Dubaï, donc je vous avoue que non !
– Ah oui, c’est sur, on sait même pas s’ils ont des maires ces gens là…
La première blague raciste était lancée. Je crois même que j’ai bien fait de la couper à ce moment là sinon elle aurait rajouté “ces sauvages“.
Bref, après avoir pris 10 secondes pour demander à sa collègue de bureau si je pouvais déclarer la perte de ma carte d’identité en France, je suis parti au commissariat du coin pour m’acquitter de cette deuxième formalité en une.
– Bonjour Monsieur, je viens déclarer la perte de ma carte d’identité.
– Oui, vous n’êtes pas tout seul. Vous prenez un ticket et vous attendez votre tour !
Après une demie-heure de Candy Crush dans une salle d’attente glauque à souhait, j’ai tout de même réussi à entendre la blague la plus grasse que je connaisse, émanant du bureau juste derrière ladite salle d’attente où 3 gardiens de la paix manifestement en pause causaient poésie et sculpture antique.
– Dis donc, tu connais la différence entre un Tampax et le téléphone rose ?
Les 2 autres, déjà morts de rire:
– Non, non, dis nous ?!
– Sur le Tampax au moins tu sais qui c’est la salope au bout du fil
– HAHAHAH
Bref, au bout de ce calvaire oculaire, olfactif et auditif, un fonctionnaire à chemise blanche avec écrit “Police” me fit signe que c’était mon tour.
– Bonjour Monsieur, qu’est ce qui vous amène ?
– Bonjour, je viens vous demander une déclaration de perte de carte d’identité.
– Oui Monsieur, vous l’avez perdu où ?
Moi, pour être joueur:
– Si je le savais je serai pas là.
– Très drôle. Dans quelle ville je veux dire ??
– Ah ! A Dubaï.
– Il faut aller à la mairie de Dubaï Monsieur.
– Pardon ? Faut que j’aille à Dubaï ? Ecoutez moi tout ce que je veux c’est une nouvelle carte d’identité et à la mairie ils m’ont dit que ce n’était pas nécessaire…
– Ah oui, du coup je vous recommande de faire une déclaration de vol. Mais faut portez plainte.
– Une fausse plainte du coup ?
– Oui, mais c’est le seul moyen pour vous en sortir. Je les connais à la mairie…
Tout à coup cet homme à la voix nasillarde et au regard bovin venait de retrouver grâce à mes yeux.
– Donc là vous voulez dire que je vais pouvoir faire une demande pour avoir une nouvelle carte d’identité ?
– Oui, exactement !
Persuadé que le calvaire que je m’étais imaginé n’était qu’en fait qu’un petit sentier à petites embuches, je retournais fissa à la mairie avec mon fameux papelard, mais espérant tout de même tomber sur une autre personne que la chieuse de tout à l’heure qui risque de me demander pourquoi mon passeport est passé de perdu à Dubaï à volé au Mc Do Ampère.
Quand on n’est pas chatté, c’est jusqu’au bout:
– Alors Monsieur vous avez votre carte d’identité ou on vous l’a volé ?
Nous sommes début juillet et je suis toujours sans papier…
Attention, le secteur public n’a pas le monopole de la paperasse administrative longue et pénible.
On est d’accord, les opérateurs téléphoniques ont un talent remarquable pour avoir des collaborateurs unissant leurs forces d’inertie pour que l’usager, que j’appelle personnellement client, devienne dingue au point de se contenter de ce qu’il a.
Malheureusement, les déménagements ont été un sport national chez moi ces dernières années. Avec son lot de réjouissances administratives encore une fois. Si, il faut être juste, j’ai trouvé les services de la Poste parfaitement compétent, Bouygues Télécom a battu des records.
Deux semaines avant le déménagement, j’appelle le fameux 614, le début des emmerdes:
– Bonjour Madame, je vous appelle pour un transfert de box de telle adresse à telle adresse.
– Oui bonjour, vous partez quand ?
– Je pars dans deux semaines, du coup ce serait bien d’avoir Internet en arrivant vous comprenez…
– Ah bah oui oui évidemment, aucun souci on transfert la ligne. En revanche vous n’aurez pas internet dans votre logement actuel pendant les 3 derniers jours, c’est la procédure.
– Ah ? Bon bah si c’est la procédure, aucun problème…
Une heure après tout était coupé dans mon ancien appartement, un mois après, 3 crises de nerfs et des heures passées au téléphone avec un opérateur parlant à peine français, j’ai enfin pu retrouver les joies de la technologie.
– Oui Monsieur, nous avons le plaisir de vous informer que votre ligne a été rétablie. Pour nous excuser Monsieur, Bouygues Télécom vous offre 10€ sur votre prochaine facture.
– 10€ ?? Vous déconnez ? j’ai passé un mois sans box, donc déjà on est d’accord que je ne paye pas le mois et que vous m’offrez le mois suivant !!
– Ah oui je comprends. Du coup il faut nous envoyer un courrier avec accusé de réception dans lequel vous nous expliquerez votre souci et ferez votre demande de réduction. Nous vous répondrons dans les 6 mois.
Evidemment, j’ai pris mes 10 balles et j’ai fermé ma gueule…
Si on ajoute à ça les achats de véhicules en leasing avec un extrait Kbis, un bilan, un prévisionnel, un justificatif de domicile de moins de trois mois, un RIB et une photocopie de la pièce d’identité, une demande de prêt avec 3 rendez-vous, des attestations d’expert-comptable, des bilans sanguins, une photo de nos couilles et un toucher rectal, je me dis que ce monde cherche à nous rendre complètement taré.
En fait, pour être heureux, il faut vaincre les trucs qui gonflent et ne dépendre de personne.
TGIF, bon week-end de fête nationale !
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