Y’a de la joie, bonjour bonjour les hirondelles !
Nom de dieu que c’est bon ce ciel bleu, ces petits gazouillis d’oiseaux qui viennent chanter sur les rebords de nos fenêtres le matin, le retour des couleurs vives, des poufiasses emperlouzées, des SUV allemands de location garés en double file par des connards laqués et des propositions de barbecue !
C’est pas compliqué, voilà 1 semaine que j’ai envie de rien foutre, de rester la main sur le pin’s en terrasse à jouer à Candy Crush en me raffinant au Minuty, et de me prévoir des week-ends sur la côte d’azur. C’est d’ailleurs accompagné par un superbe “Voile Rouge 2010” dans les esgourdes que je prends la plume en ce jeudi après-midi ensoleillé et printanier, tout en reluquant les nichons apparents de ma délicieuse stagiaire pendant qu’elle téléphone à son avocat.
Qui dit retour du beau temps et de l’été dit retour des journées au bord de la piscine, des glandes sur la plage, des fringues colorées et légères qui laisseront apparaître nos corps musclés, sculptés par cet hiver long et rude.
2 badmintons par mois, 1 tennis par trimestre, une levrette claquée de 12 minutes chaque soir, jamais de pain avec les nouilles et 5 bières par jour mais jamais plus haut que le bord, on peut affirmer sans risque que j’ai mené une vie quasi monacale durant ces quelques mois froids et chiants comme la colle. J’ai même été surpris pas plus tard que ce midi en train de commander un flan de légumes avec mon entrecôte et mon pot de rosé !
L’objectif: être d’une beauté biblique sur les plages cet été. Cette année je verrai mes pieds bordel ! Cette année je ne ferai plus croire que je suis allergique au soleil pour garder ma chemise blanche sur la plage ! Cette année je retire le rétroviseur télescopique accroché à mon caleçon depuis des lustres pour pouvoir pisser ! Cette année je ne ferai plus 30 secondes d’apnée pour rentrer mon bide dès que je croise une gonzesse ! Cette année je serai beau, mince et délicieux ! Cette année je me cogne de la plagiste dans les cabanes à matelas, de la barmaid dans des chiottes de boites de nuit et de la gosse de riche à l’arrière de la Méhari ! Bref, cette année, je leur met copieux !
Je suis un bon vivant. Mon plus grand plaisir est d’être autour d’une bonne table avec les potes et tout ce qu’il nous faut pour être heureux. Mes valeurs sont un peu old school mais il n’y a rien de meilleur qu’une table remplie de copains, de fromage de tête, de pâté de campagne, de Saint Félicien truffé de pâté-croute à la volaille et à la moutarde et de pinard, rouge sur blanc, parce que tout fout le camp. Cette passion est sans doute noble et valorisante pour celui qui la pratique avec abnégation, autant dire que c’est mon cas, mais elle ne rend pas bien beau. Déjà parce que la charcuterie ça refile des boutons sur la tronche et parce qu’en plus ça nous fait la peau du bide tendue comme une pute dans un confessionnal.
Si je décide de faire un régime, on est bien d’accord que ce n’est pas pour ma bonne santé. Je suis persuadé d’être immortel depuis que j’ai écouté Jean-Pierre Marielle dans le magnifique film “Calmos” dire “Avec les bons produits il n’y a jamais de contre-indication”, et que même si je devais crever, je préfère me faire 50 ans de plaisir que 100 de brocolis et de viande sans sauce.
Non, soyons clairs, si je veux faire un régime c’est pour maigrir, reprendre des abdos et taper le fond de vacancières écervelées et à peine sorties de l’adolescence.
Tout a commencé ce matin. Profitant du miroir qui faisait face à une douche italienne dans laquelle je me prélassais après une longue nuit de luxure et de plaisirs défendus, j’ai été obligé de faire un constat amer: “Bordel, mon bide est aussi gros que les bras de Loana”. J’avais beau rentrer le ventre, me foutre de profil, me persuader que ça venait du miroir de la bien heureuse qui gisait encore sur ses draps, rien à faire, je me trouvais gros, gras et moche.
Je me souviens d’un petit gros en CM1, toujours rouge vif parce qu’il avait chaud en permanence. Je l’avais surnommé “gradiateur”. Pour pas lui ressembler, un petit régime de printemps, pour devenir fort comme un géant et beau comme une jante alu.
C’est à ce moment là de votre vie que vous feriez mieux de fermer vos gueules. Pour réussir un projet, la meilleure des choses est d’éviter de l’ébruiter. D’une parce qu’on passe pour un con si on se plante, mais parce qu’en plus l’arrêt de la clope ou le régime doivent par essence être des aventures solitaires qui ne requièrent ni commentaires ni jugements.
Bêtement, j’ai évoqué l’idée à midi avec quelques personnes. Histoire de demander des conseils l’air de rien, je dis à des gonzesses que je connais:
– Bon l’été arrive, faut que je dégraisse un peu, je crois que je vais prendre une salade !
Réponse cinglante:
– Ah non mais ça sert à rien, il vaut mieux que tu prennes de la viande le midi et salade le soir !
– Ah bon ? donc à midi je fais quoi ? Entrecôte saignante avec légumes ?
C’est là que la troisième du groupe balance:
– Mais non, il faut d’abord que tu te fasses que des légumes pendant une semaine, sans viande ni rien !!
L’autre, vexée et sans doute offusquée:
– Non, c’est un mec, il va crever avec ton régime et va finir par bouffer entre les repas si on l’affame.
Moi, m’agaçant un peu:
– Oui enfin vous êtes mignonnes mais du coup je fais quoi ?
Elles, plein le cul de devoir conseiller un gras du bide:
– Oh écoute t’es très bien comme ça, t’es pas gros, tu devrais juste arrêter de faire du scoot et commencer à marcher.
En fait commencer un régime, c’est un peu entamer une course d’orientation sans boussole, sans chaussures de marche, sans gourde, avec sa bite mais sans couteau. On en connait tous, les fameux Dukan, le protal, le dissocié, le paléo qui consiste à ne bouffer que des trucs qui foutent la chiasse, ou celui où l’huile est transformée par de la paraffine, certainement dans le but des chier des bougies.
Votre mère vous dit “commence déjà par moins picoler, tu verras que tu vas perdre direct”, votre meilleur pote aura plutôt dans l’idée que “Tu ne devrais boire que du Ricard, de préférence sans systématiquement foutre une reculée au ramequin de cacahuètes”, tandis que votre patron de bistro conclura brillamment par “Si je peux te donner un conseil, continue à faire comme d’hab. Le problème c’est pas ce que tu bois et ce que tu bouffes, c’est que tu élimines pas. En gros, avant de venir me voir le soir, fais toi 45 minutes de jogging”.
Merci pour l’idée de régime rêvé, pas besoin de se tracasser, pour maigrir il suffit d’aller se rincer le gosier en faisant de la course à pied ! Et en plus je me fais sept rimes en “é” dans la même phrase, objectif atteint.
Force est tout de même de constater qu’il existe un million de régimes et autant de conseils hyper avisés à suivre IM-PE-RA-TI-VE-MENT si je veux retrouver ma ligne de jeune lycéen.
C’est vrai qu’au lycée j’avais pas besoin de régime. Je m’enfilais des canettes de coca, des bonbons, des kébabs, des sandwichs à n’importe quelle heure de la journée et pourtant je restais gaulé comme une statue du jardin des Tuileries, avec tout de même une plus grosse bite. Même ma mère pourtant peu inquiète m’a pris une fois entre quatre yeux pour s’assurer que je mangeais bien ce qu’on me donnait à l’internat.
Evidemment, depuis, n’ayant pas raté un seul repas, son inquiétude s’est nettement dissipée ! Quant à mon père, il m’a clairement dit lors de notre dernier déjeuner “Dis donc mais t’es un gros lard. Est-ce que t’es sûr que prendre un dessert soit vraiment judicieux ?
Enfin me voici à l’aube de l’été 2015, sans une seule idée de régime, ayant même perdu mon partenaire de sport et rentrant du boulot à des heures tellement débiles que les deux seuls commerces du quartier encore ouverts s’appellent Mc Do et Pizza Hut.
Du coup, comme tous les étés, je vais être surnommé l’Obuzz, je vais suer gras sous ma chemise blanche et attendre le cul posé sur mon vélo devant les boites de nuit que les bêtes mortes ramènent leur fraise pour les foutre sur le porte bagage et les emmener derrière la dune.
Ah et je vous ai pas dit, je pars rejoindre l’ami Phil sur ses terres irlandaises ce week-end. Il y a là bas une fête folklorique bien pensante, familiale et spirituelle. La Saint Patrick qu’ils appellent ça… ça promet un beau TGIF la semaine prochaine !!
TGIF les copains !!!!
6,059 total views, 2 views today