Salut les coquins,
Autant vous le dire tout de suite pour ne pas attiser votre déception, il n’y aura pas de TGIF vendredi prochain.
Je n’ai pas spécialement à me justifier, mais nous serons en pleine période de vacances scolaires et bibi a décidé de partir aux Amériques pour fêter l’Halloween sur Time Square avec une bougie dans le potiron.
Quand je dis vacances scolaires, nous sommes bien d’accord que de base je ne suis pas concerné. Comme tous les connards de jeunes Chefs d’entreprise, je peux même me permettre des petites sorties insupportables du type “Non mais moi je me prends des longs week-end. Et puis au pire j’ai toujours mon ordi et mon téléphone si jamais je dois gérer une urgence.”
Ou, pire, “Ah non mais je suis d’accord avec toi, j’adore la côte, mais hors saison et hors vacances scolaires quoi. Sinon c’est carrément invivable.”
Bordel rien qu’en me relisant j’ai envie de me foutre des bourres-pif.
En fait, ce qui me fait penser à l’expression “vacances scolaires”, c’est qu’hier j’ai été prof dans mon ancienne école de commerce. Par respect pour cette institution, je préfère taire leur nom pour éviter qu’ils passent définitivement pour des cons.
Bon, il faut dire que j’ai pris une sacrée revanche sur la vie puisqu’il n’y a pas si longtemps, ceux qui vont me signer mon chèque statuaient sur mon sort et ont même faillit me virer en fin de 3ème année, lorsque, déjà, ma gueule était bien trop ouverte et que j’émettais quelques avis désagréables sur l’un d’eux.
Bref, partir quasiment viré d’une école pour revenir quelques années après en tant que dépositaire de l’autorité, appelé en renfort pour distribuer de l’intelligence et de la culture, c’est un peu le Pakistanais qui part de son bled en Boat People et qui revient filer des billets à tout le monde.
Je déconne, je n’étais pas du tout là en tant que prof ou quoi. J’ai été appelé en tant qu’intervenant, et encore au rabais, histoire de faire le nombre.
Pour expliquer la différence, l’intervenant est un peu le mercenaire de l’enseignement. Chez lui, la pédagogie et la transmission de savoir ne sont pas une vocation. En revanche, il aime l’argent et n’a aucun mal à se rendre chez ceux qui acceptent de le payer.
Quand on dit prof en école supérieure, on imagine le mec qui se pointe en costume, avec son ordinateur et sa clé USB dans laquelle il a calé un Powerpoint de 40 slides avec matrices et références bibliographiques. Là pas du tout.
Là, on était sur du nettement plus standard. Genre 100 étudiants répartis par équipes, devant plancher sur un cas marketing dans le but ultime de pondre un présentation sur laquelle ils devraient analyser les forces, faiblesses, opportunités et menaces d’une entreprise.
Pour les anciens étudiants d’école de commerce: Oui putain, on fait encore des SWOT !!! Et le pire, c’est qu’on doit leur expliquer que ça rythmera leur vie de futur marketeur. Seigneur, priez pour eux.
Bref, du coup, toute cette marmaille était installée dans un grand open space avec des bureaux disséminés ça et là, pour qu’ils potassent leur cas et qu’ils nous pondent quelque chose de potable histoire qu’ils nous le présentent en amphi l’après-midi.
Et moi, je me baladais tranquille le chat dans la salle façon gaucho dans sa pampa et je m’arrêtais de temps en temps.
– Ça va ? Tout est clair ? Vous avez des questions ? Non ? Bon, si jamais vous avez une interrogation sur le cas vous m’appelez d’accord ? Allez courage.
L’avantage de ces écoles de commerce hors de prix, c’est qu’on tombe généralement sur des bons petits gars, de temps en temps un peu turbulents, mais dans l’ensemble assez bien élevés.
L’inconvénient, c’est que leur bonne éducation leur faire dire des choses parfaitement insupportables telles que “Pardon Monsieur, je peux vous poser une question ?”.
Si contractuellement, je suis dans l’obligation de sourire et de dire “Oui bien sûr, je vous écoute”, j’avais surtout envie de chialer.
C’est donc ça la vie ? Passer du merdeux du fond de la classe qui fait chier le monde en ouvrant trop sa gueule, à un pingouin plus vieux que les autres tentant de masquer sa bedaine de trentenaire qui bouffe bien à la cantine à qui un freluquet de 20 piges dit “Monsieur vous” ?
J’avais envie de gueuler, de le prendre par les cheveux et de lui dire “Dis donc espèce d’enculé, il y’a 7 ans j’étais assis au même endroit que toi gros con, alors tu vas immédiatement arrêter de me parler comme à un pote de ton père !!”.
Mais non, au delà de ça, je me suis enfoncé un peu plus dans la vieillerie. Ces charmantes têtes blondes (et crépues, cette école est bien heureusement cosmopolite) planchaient sur le cas Red Bull, et devaient analyser la concurrence.
Je me suis entendu m’enfoncer comme un con en plus:
– Quand j’avais votre âge, le Red Bull était encore interdit en France. On buvait du Dark Dog, ça existe toujours ?
Les étudiants m’ont regardé avec des yeux de merlans frits, un peu comme quand j’écoutais ma grand-mère me parler des voitures amphibies qui traversaient le Rhône pendant la guerre, à cause des salauds de casques à pointe qui avaient fait sauter les ponts.
Du reste, on a su après que les ponts avaient surtout sauté à cause des alliés mais ça, elle a jamais voulu l’entendre.
En fait, ce qui m’a fait marrer dans cette opération, c’est d’observer cette meute dans le fond bien élevée et très sympa, mais qui pense pouvoir te baiser sans que ça se voit.
Alors ce qui est rassurant, c’est que clairement ça se voit. Je me dis que du coup, si jamais Satan devait m’envoyer une fille à élever, je vais peut être réussir à pas me faire baiser la gueule lorsqu’elle me fera croire qu’elle a dormi chez une copine alors qu’elle rentrera à l’appartement avec les cheveux façon Afida Turner et la culotte façon… bah Afida Turner.
J’ai eu droit à tout. Le mec qui demande à partir pisser et qui revient 10 minutes après en puant la clope, l’autre qui change vite la fenêtre de son ordinateur quand il me voit arriver, la nana qui fait mine de réajuster son décolleté l’air de rien tout en me posant une question, au cas où elle ai besoin de soutien si jamais elle faisait de la merde…
Ça c’était pour la partie drôle. Parce que, évidemment, même si le prix de l’école segmente quand même bien la clientèle, on se tape toujours les espèces de faux rebelles à deux ronds qui se prennent pour des reustas parce qu’ils sont habillés comme à Brooklyn.
Nom de Dieu, qu’est ce qu’un gosse de riche de 20 ans peut être con. Enfin con, non. C’est surtout, qu’est ce qu’un gosse de riche de 20 ans est obligé de faire pour pouvoir faire son malin ?!
En garant ma caisse devant l’école, j’ai quand même vu un merdeux de 18 ou 19 ans, des joues parfaitement roses parce que pas encore de barbe, une casquette à l’envers sur la courge, en train de s’ouvrir une bouteille de Heineken à 8H30 du matin devant deux pisseuses, plutôt bonnes d’ailleurs, complètement hilares.
Enfin bref, à l’heure où vous lisez ces lignes, le cul assis sur votre chaise inconfortable face à un ordinateur qui vous oblige à chausser des lunettes “de repos”, ces jeunes trous du cul sont tranquilles au fond de leur plumard en train de cuver de leur soirée étudiante de la veille. Et même pour les meilleurs, ils ont réussi à y convier une copine erasmus d’un pays nordique bien coquet.
Ça me fait penser que je n’ai pas répondu à la question que tous les mecs se posent depuis le début de cette chronique: Oui, certaines filles sont jolies. Non, les étudiantes de 18 ans ne m’intéressent pas. Non je n’y ai même pas pensé une seconde. Oui, je vous le jure !!
De toutes façons je les envie pas !
TGIF les copains, et à dans deux semaines !
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