TGIF – THANK GOD IT’S FRIDAY | Plein le cul

by • Jul 22, 2016 • T.G.I.F.Comments (0)8741

Salut les coquins,

A l’évidence, ce n’est pas un temps à rester visser à son fauteuil pour lire ces facéties de comptoir. Alors imaginez ce que c’est que de devoir subir le brassage d’air d’un ventilateur dans ma nuque en sueur à l’heure de débuter ce machin faussement littéraire.

Après les petites blagues, à l’époque où il flottait tous les jours, à propos de Bernard qui irait faire du ski au mois de juillet, les réseaux sociaux ont désormais repris leur rythme de croisière estival avec les toujours aussi flambants “sale temps pour les gros” ainsi que “Si ça continue comme ça, on va vite régler le problème des retraites”. 

Bref, j’ai l’impression d’écrire ça tous les ans et ça m’énerve.

La semaine dernière, je m’étais lancé dans une explication sociologique quasiment digne de Claude Lévi-Strauss (pas celui qui fait les jeans, l’autre) à propos de la propension génétique du Français à se jeter sur les routes comme en 40 dès lors qu’il a 4 jours à rien foutre.

Mercredi dernier 13 juillet, alors que je laminais ce qu’il me restait de dignité dans un troquet à consonances ibériques pour un anniversaire, mon application Snapchat était assaillie. Tous les couillons de mon répertoire envoyaient la même photo de leur bagnole, coincée entre 10 autres bagnoles également à l’arrêt, avec une petite phrase du genre “4H pour faire Lyon/Valence, c’est vraiment pas gentil”. 

Bande de cons, depuis quand est-ce qu’on se dit qu’on peut se tirer à 18H30 ou à 19H sur l’autoroute du soleil un week-end du 14 juillet en espérant avoir personne ?!

Mais ce n’est pas tout.

Je sais bien que les médias en rajoutent souvent, que la situation économique des ménages français n’est pas si catastrophique que ceux que l’on nous montre dans Strip-Tease ou Confessions Intimes, mais enfin tout de même. Le chômage est à son apogée, le suicide est en passe de devenir un sport national et concrètement plus personne n’a de quoi payer ses charges.

Pourtant, la moitié de la France s’est tirée gaiement sur les côtes de notre cher hexagone pour polluer la flotte et dépenser son autorisation de découvert.

Cela dit, je commence à comprendre ce postulat. La tragédie qui s’est produite à Nice la semaine dernière, nous conduisant d’ailleurs à nous auto-censurer par respect et par décence, a une nouvelle fois mis en évidence la fragilité de ce qu’est la vie et le peu de considération que certains cinglés ont pour sa valeur.

Déjà que depuis plusieurs années on explique au Français moyen qu’il faut qu’il se retrousse les manches mais qu’il se sert la ceinture, on lui demande maintenant de s’unir avec ses semblables pour montrer aux vilains barbus qu’on n’a pas peur d’eux, qu’on vaincra et que nom de Dieu, on va aller leur envoyer des bombes sur la gueule.

Bon, pour l’instant on sait pas où ils sont les gars, donc on bombarde un peu au hasard, mais finalement qu’est ce que deux ou trois bavures militaires face à la conviction qu’on agit pour le bien ?!

Avant d’attaquer ces lignes j’avais envie de m’énerver et de foutre des grands coups de latte. On ne va pas se le cacher, j’allais enfoncer des portes ouvertes mais bordel j’en ai marre qu’on nous prenne pour des moutons, que dès qu’on se fait casser la gueule on nous demande de tendre l’autre joue en reprenant des slogans de bonne soeur.

Et puis finalement,  j’ai pas eu envie de polémiquer. Attention, j’ai pas eu envie de non plus de chialer comme j’ai pu le faire en ces lignes après le Bataclan et après Charlie Hebdo.

Il faut dire qu’à l’époque j’avais été sonné. Ces deux attentats avaient raisonné comme après une bonne tarte dans la mouille et j’avais tenté tant bien que mal de me m’expliquer, de les comprendre, et surtout d’adhérer au principe de l’unité nationale prônée par le gouvernement.

Mais là, franchement, j’en ai plein le cul.

C’est trop facile de demander à un peuple de se mettre en rang, de se mettre la gueule en bleu/blanc/rouge sur Facebook, de dire #jesuismoncul, d’affirmer des conneries du genre “Bande de batards, j’ai pas peur de vous et de toutes façons la paix vaincra” et de faire des interventions derrière un pupitre tricolore en affirmant “C’est parce que le peuple Français est uni que nous sortirons vainqueurs de cette guerre à la fois idéologique, mais aussi militaire”. 

Alors attention, je n’ai pas la prétention ou la bêtise de dire que ces histoires sont de la faute de Valls ou de Hollande. Sans dire que c’est la faute pas à de chance, ça me parait compliqué d’aller descendre un mec dès lors qu’il est arabe, qu’il a un petit casier judiciaire et qu’il va louer un camion.

Preuve que le monde va mal et qu’on laisse un paquet de mecs sur le bord de l’autoroute du progrès, on tombe désormais sur des mecs bisexuels qui se torchent la gueule en bouffant du cochon et qui 3 semaines plus tard vont tuer des familles en gueulant Allah Akbar.

C’est ça le truc le plus flippant. C’est qu’en fait, aller tuer 84 personnes et briser 84 familles, c’est plus simple et moins risqué que de passer en fraude dans le métro. Il suffit juste de pas avoir peur de crever.

Même si c’est pas la question et que ça ne résoudra pas le problème, ça prouve aussi que l’Etat Islamique n’a rien de religieux, mais n’est en fait qu’un vaste centre aéré pour  zonards de banlieues occidentales ayant raté le coche de l’intégration et cherchant un peu de sensations fortes, eux qui n’avaient jusque là jamais réussi à jouir autrement que dans un mouchoir Leader Price.

Mais sans déconner, 3 fois qu’on se fait sévèrement botter le cul en 18 mois, il serait peut être temps de changer de méthode non ? On peut pas constamment ressortir la même recette consistant à allumer des lampions, changer sa photo profil et balancer avec une voix de puceau “J’ai pas peur d’eux, je vais continuer à sortir, à boire des canons et à vivre librement.” 

La France est un pays qui est aimé partout dans le monde mais est un pays qui ne s’aime pas lui même.

Pourtant, après le Bataclan, je pensais sincèrement  qu’une espèce d’unité nationale était en train de se créer. On ressentait des trucs assez forts et même, à une moindre échelle, on a aussi senti pendant l’Euro de foot une joie et une communion autour de l’équipe nationale sur laquelle tout le monde daubait depuis 10 ans.

Je m’étais gouré. Ces attentats de Nice ont eu un retentissement sans commune mesure avec ceux de 2015. Les gens étaient touchés, ça a fait la Une, ça a été un choc, et heureusement.

Malheureusement, ils ont mis en lumière que la communautarisme n’avait jamais été aussi élevé. Les réseaux sociaux, s’ils sont le reflet de la société et de la jeunesse française, m’ont plutôt donné envie de prendre le premier cargo pour la Terre de Feu que de tenter de faire ma vie ici plus longtemps.

Entre le petit blanc un peu débile qui a clairement viré raciste, et le rebeu qui confond la Seine Saint Denis avec la bande de Gaza, tout en affirmant que ces attentats ne sont que le fruit de complots gouvernementaux pour exacerber les tensions à l’égard des musulmans… On a franchit des caps dont on n’aurait même pas imaginé l’existence il y’a 10 ans.

Parce que je sue à grosses gouttes dans mon bureau et que je n’ai aucune envie de me faire plaisir avec de l’optimisme de bisounours alors que l’heure de l’apéritif s’approche, j’ai très envie d’affirmer que la France est un pays qui n’a jamais été aussi divisé.

Pour illustrer ce propos, je vais devoir aller contre le politiquement correct. Oui il y’a du racisme en France. En caricaturant très grossièrement, on a les blancs “de souche” ayant plus que jamais envie de défendre des traditions dont certaines étaient tombées en désuétude depuis un moment, et les “rebeus” en mal de repères identitaires retournant là aussi à des envies de traditions de pays dans lesquels ils n’ont jamais vécu.

Oui, nous sommes dans une société ultra communautaire dans laquelle le français blanc de base va sur-jouer son côté gaulois en buvant des canons, en parlant de “melons” ou de “bougnoules” tandis-que la jeunesse issue de l’immigration va caricaturer l’autre camp, parlant de “pédophiles”, “alcooliques” ou “mangeurs de cochons”.

Et bien que ça me fasse sacrément mal au cul, j’en arrive à la conclusion que, finalement, le seul moment où la France a vraiment été unie ces dernières années, c’est au moment d’aller manifester contre la loi El-Khomri.

Là on a vu des Français se battre pour défendre leurs convictions, capables de bien des efforts, de ne pas dormir, d’envahir la place de la République alors qu’il faisait froid ou encore d’assumer de ne pas toucher un salaire pourtant déjà pas bien épais.

Mais pour se battre contre un ennemi ô combien plus important et plus dangereux, on se contente simplement de chialer et de changer sa profil pic…

Pas de violence, c’est les vacances. Et toutes nos pensées pour les victimes d’un cinglé qui en cache des milliers d’autres…

TGIF !

 

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