Très sobrement : bonjour !
« On the road again, again… » chantait Bernard Lavilliers, notre Bob Marley français. C’est en effet une nouvelle fois depuis un train que je ponds ces quelques lignes. Voyage vers une ville mythique encore une fois, puisque je me rends dans la capitale mondiale du prêt-à-porter, j’ai nommé Saint-Etienne.
Je m’étais juré de vous épargner le couplet sur la SNCF, mais se retrouver bloqué en gare pendant 20 minutes parce que le contrôleur s’est, à priori, cassé la jambe en voulant s’appuyer contre une barrière qui a cédé sous son poids, je trouvais tout de même que ça avait sa place en ces lieux.
Bref, après avoir traversé autant de villes mythiques que sont Oullins, Vernaison, Givors, Grigny, Rive de Giers et la sublime Saint Chamond, me voici rendu à Saint-Etienne.
Pour ceux qui connaissent le coin, chacun aura pris soin de répéter Saint Chamond, deux minutes d’arrêt avec le doux et mélodieux accent de cette région du globe bénie des dieux.
« Qui n’a pas vu Saint-Etienne n’a pas vu le monde » disait le poète. C’est toutefois avec regrets que je ne pourrai m’attarder trop longuement sur la visite de ce petit coin de paradis et notamment sur son marché, décrit par certains guides comme « Un dédale de saveurs et de senteurs ». Le Washington Post y voyant même une preuve de l’existance de Dieu.
Bref, plein le cul de me taper ces business trips à la con, même si finalement il vaut peut être mieux aller à Saint-Etienne en TER qu’à Moscou en Falcon.
Déjeunant hier avec notre ami Philippe Chuzel, régulièrement surnommé Phiphi ou encore Chuchu, je lui exposais avec rage et vigueur ma problématique des réunions constamment organisées dans des villes où on pourrait ne pas aller et tout de même mener une existence heureuse. Il m’a alors présenté le nouveau produit qu’il avait pour charge de fourguer. Ce machin, dont je tairai la marque, est un robot de téléprésence. En gros, vous avez une réunion à Hong-Kong mais vous n’avez pas forcément envie de payer un billet hors de prix pour vous y rendre. No problemo, ce robot vous permet de vous connecter à distance partout dans le monde et d’avoir votre tronche sur cette machine qui se ballade en fonction de votre goût à 10 000 bornes de distance. C’est beau le progrès. Concrètement, votre gueule s’affiche sur le robot et vous participez à une réunion comme si vous étiez là, et vous pouvez même par exemple visiter une usine ou un show-room.
C’est beau mais ça fait quand même un peu chier de temps en temps. Imaginez le cadre supérieur, 50 ans, 3 poils blancs sur le caillou, pas vu sa bite depuis 10 ans à cause du fameux duo gagnant pot de rouge/andouillette sauce moutarde et vie sexuelle réduite à néant depuis que Catherine a lu dans Femme Actuelle qu’il ne fallait pas baiser plus de 2 fois par an, uniquement quand la lune est en vierge. Ce type là ne saute que des tapins de parking ou des maîtresses étrangères le trouvant beau comme Crésus lorsqu’il sort la carte magnétique de son portefeuille Mont-Blanc, donnant accès à la Junior Suite du Sofitel du coin. Imaginez son désarroi à cause de ce genre d’inventions. Terminés les petits voyages payés par la boite, l’ivresse du jet-lag, la valse des notes de frais et les aventures sexuelles en anglais. Ce foutu robot l’assigne à résidence, tout juste bon à donner son avis via un robot en plastique, en attendant de rentrer déguster le cachou de maman.
Bref, je vous parlais la semaine dernière des joies des week-ends à la campagne. Ayant plaidé pour un retour aux racines, à la vie saine et à l’air pur comme dans une chanson de Tryo, c’est donc tout naturellement que j’ai passé le week-end dernier sans sortir de Lyon, ne serait-ce que 5 minutes. Et puis alors non seulement je n’ai pas vu un tronc d’arbre, mais j’ai pendu ma crémaillère… Tradition obligatoire, ancestrale, tellement ancestrale d’ailleurs que personne ne sait ce que ça veut encore dire aujourd’hui !
Comme ça m’emmerde de vous le réécrire mais qu’en même temps j’ai très envie que vous finissiez cet article en ayant appris quelque chose, voici l’origine de l’histoire en copier/coller Wikipedia:
L’expression provient d’une tradition médiévale.
À la fin de la construction d’une maison, il était de coutume d’inviter toutes les personnes ayant contribué aux travaux à venir manger, afin de les remercier. Au Moyen Âge, la cuisson se faisait avec une marmite dans l’âtre de la cheminée. Afin de cuire plus ou moins fort la nourriture, on utilisait une crémaillère, qui permettait de pendre la marmite plus ou moins près du feu. La crémaillère était la dernière chose installée dans une maison et marquait la fin de l’emménagement, et le début du repas de remerciement.
La pendaison de crémaillère était donc une façon de dire aux amis et à la famille : « La maison est finie ; nous pouvons festoyer ensemble ».
Chacun aura donc compris ce que ça veut dire…
Pour des raisons que j’ignore, à partir du moment où vous dites à quelqu’un que vous allez déménager, celui-ci s’exclame immédiatement « Ah cool ! Tu m’inviteras à ta crémaillère ? ». C’est vrai que les occasions de faire la bringue sont tellement rares qu’une bonne vieille crémaillère ne fait pas de mal. Finalement à part les 30 soirées d’anniversaire, les 6 mariages, les 3 fiançailles, les bringues improvisées et le réveillon, il fallait bien trouver autre chose …
Bref, un peu forcé, et puis parce que ça vous fait plaisir de faire visiter votre nouvel appart à vos potes, vous finirez par la pendre, cette putain de crémaillère ! D’ailleurs si vous voulez faire visiter votre appart, c’est pas forcément le super bon plan. Outre le fait que votre nouveau chez soi puera la clope, l’alcool, que vos pieds colleront au parquet à cause du whisky tombé au sol et que de toutes façons tous vos éléments de déco seront rangés dans une chambre fermée à double tour, les 40 personnes ivres mortes dispersées un peu partout dans l’appartement, dont la cuisine et les chiottes, empêcheront de se faire une idée très nette de la beauté des lieux.
Problème majeur : vous venez d’emménager, vos voisins ne vous connaissent pas et vous n’avez pas envie d’être grillé de tout le quartier à peine 2 mois après vous y être installé. Effronté mais bien élevé (1 an que je rêve de le placer), vous aurez donc pensé à écrire un petit mot à leur attention, avant de le coller sur le porte de l’immeuble, dans l’ascenseur, sur votre porte à vous et dans toutes les boites aux lettres.
Afin de passer pour un mec drôle et sympathique, voici ce que je leur ai glissé la semaine dernière :
Chers voisins,
Tradition oblige, nous pendons notre crémaillère ce samedi 18 octobre à partir de 21H.
Nous sommes des grands garçons et notre éducation parentale fut parfaitement remarquable, toutefois il est fort à parier qu’un peu de bruit émane du deuxième étage…
De fait plusieurs solutions s’offrent à vous :
– Venez boire un (ou plusieurs) verres avec nous. Cela nous donnera l’occasion de nous connaître et de visiter notre appartement.
– Attendez 1H30/2H que nos amis partent.
– Vous avez le sommeil très lourd et du coup vous ne vous sentez pas concernés.
Soucieux de votre confort, de votre sommeil et par simple respect, nous avons fermement demandé à nos invités de ne pas parler dans les parties communes. Aussi, nous ferons de notre mieux pour garder nos fenêtres fermées pendant la majeure partie de la soirée.
Si jamais vous veniez à en avoir terriblement ras le bol, n’hésitez pas à venir sonner pour nous demander de la mettre en veilleuse. Aussi, ce sera certainement la dernière soirée à l’appartement de ce genre là.
Pour vous éviter de vous déranger, vous pouvez également nous joindre au 06 6…..
Nous vous présentons par avance toutes nos excuses pour la gène occasionnée, et vous souhaitons un très agréable week-end.
Vos voisins
Adrien P…Adrien B…
(oui nous avons le même prénom, non nous ne sommes pas en couple)
Ce mot fut un véritable triomphe. Non seulement nous avons pu gueuler comme des putois à la fenêtre jusqu’à 7H du matin, mais en plus Monique, retraitée de l’inspection des finances publiques, et Jean-Pierre, conseiller particulier au Crédit Agricole, respectivement propriétaires au 4ème et au 5ème étage de l’immeuble, nous ont gratifié de leur présence. C’est de ma faute, je les ai invité… La soirée commençant à 21H, je ne m’attendais pas à recevoir des invités à 20H30. C’est donc en peignoir que j’ai reçu mes deux nouveaux voisins, invités surprises et surtout en avance de cette sauterie.
C’est d’ailleurs curieux comme les gens invités à 21H arrivent à 23H30 ou même 1H du matin, de manière tout à fait normale…
Concernant mes 2 voisins, Monique étant la présidente de la copropriété, ils ont manifestement apprécié leur soirée ! Pensant leur servir un verre de rouge jusqu’à 21H30, c’est en fait jusqu’à 1H du matin bien tapée qu’ils se sont rappelés les années folles, torchant par la même mon Jack Daniel’s sans m’en laisser une goutte.
C’est donc aux alentours de 7H30 que j’ai regagné le pucier, la gueule en vrac et sans hâte du réveil et de l’appartement rappelant les grandes heures de la bataille de la Marne. Comme nous ne sommes plus si jeunes, c’est en pleine tachycardie que nous avons débroussaillé le parquet, regrettant d’avoir lancé à tous nos invités au moins 10 fois dans la soirée « T’inquiètes, on verra demain ».
Bon week-end les chatons, TGIF !!!
2,675 total views, 3 views today