TGIF – Thank God It’s Friday | C’est la reprise

by • Aug 28, 2015 • T.G.I.F.Comments (0)2464

Chers amis bonjour,

La glande annuelle est désormais terminée pour la plupart d’entre nous. Nous nous sommes donc rasés la gueule, avons sorti les pompes en cuir de la boite, et en tête tout un tas de résolutions aussi débiles qu’éphémères et qui ne survivront pas aux prochains impôts.

Bref, comme disent les publicités Canal + pour le retour de la Ligue 1 à la téloche, c’est la reprise !

Nous avons bien pollué des paysages qui nous demandaient rien, creusé nos découverts chez des restaurateurs et bistrotiers hors de prix au prétexte qu’ils doivent vivre 8 mois sans bosser, roulé des pelles à des posts ados dans des boites de nuit surpeuplées, pris nos panards en photo pour les foutre sur Instagram et Facebook dans l’espoir d’achever les travailleurs du mois d’Août et finalement pleuré le jour où y’a fallu remettre la caravane sur la boule et rentrer à Melun.

Nous voici à la fin de la première semaine de vraie reprise, celle la-même où tout le monde se congratule sur le bronzage de l’autre, où on se lance des absurdités hypocrites telles que “Ah mais t’étais en Corse en même temps que moi ?? Trop bête on aurait pu dîner ensemble” alors qu’on se voit jamais à Lyon, où l’on peut écouter des bourgeoises ménopausées sans emploi depuis 1983 nous soutenir que ces vacances étaient bien méritées et qu’elles avaient besoin de faire un break, mais surtout où on nous pose 8 fois par jour la question capitale “Et donc toi t’es rentré quand exactement ?” dans l’espoir de commencer un concours de bite autour de la durée des vacances de chacun.

J’ai horreur de cette période de rentrée parce qu’il fait nuit à 20H30, que les pubs nous montrent que des connasses de ménagères en imper beige en train d’arpenter des rayons de supermarché à la recherche de la bonne affaire pour remplir le cartable d’un jeune trou du cul qui lui tient compagnie, qu’on a toujours le bon pote pour nous rappeler toutes les 3 minutes que “putain encore un été de terminé”, en général suivi  immédiatement d’un fatal “qu’est ce que j’aimerai retourner 3 mois en arrière, genre pendant les Nuits Sonores” histoire de mettre fin à tout espoir d’optimisme. Mon coloc a même cru bon de me lancer un lapidaire “quand on y pense c’est bientôt Noël”. Je le soupçonne de me pousser à commettre l’irréparable pour récupérer ma carré.

Cependant, pour aborder une rentrée plus tranquille, il y’a quand même des astuces.

L’année dernière j’avais décidé d’en profiter jusqu’au bout et de rentrer le dimanche soir à 20H, soit exactement 12H avant de retourner au bureau. Stress, crise d’angoisse, lessives, courses à la hâte chez l’arabe d’en bas pour bouffer un petit bout de cochon devant D8 qui vous passe évidemment un putain de documentaire sur le Cap Ferret, l’air de te dire “souris tant que t’as des dents gros con”, repassage, une claque sur les couilles et au lit. Vous vous levez le lendemain matin après une nuit de 4H, la faute à votre horloge biologique calée sur le fuseau horaire du Guatemala à force de vous arsouiller jusqu’à 5H depuis 2 semaines, une gueule de six pieds de long, le moral oscillant entre l’envie de se pendre et celle de tout plaquer pour partir élever du plancton dans le bassin d’Arcachon, et partez pour passer votre journée à dire à vos clients “Ah oui top ces vacances, bien reposé, au taquet pour la reprise” alors que vous restez sur 16 lendemains de cuite consécutifs, série en cours.

Du coup cette année, expérimenté, je suis rentré une semaine plus tôt pour faire une rentrée “en douceur, en mode rehab quoi, histoire de me reposer, de faire un peu de sport et d’expédier les affaires courantes avant la vraie rentrée lundi prochain.”

Effectivement, la rentrée une semaine avant c’est top. Je m’étais donc concocté un planning ne laissant pas de place à l’oisiveté, me permettant de faire un peu de golf le matin et de bosser l’après-midi. C’était le lundi…

Puis de bosser le matin et faire du golf l’après-midi. C’était le mardi…

Puis faire du golf le matin, du golf l’après-midi, boire l’apéritif le soir, se lever à midi, aller se baigner chez un pote, boire l’apéritif le soir, se lever à 13H, aller se baigner chez un pote en buvant l’apéro… ça c’était du mercredi au dimanche.

Pas bien glorieux, pas bien sérieux, mais avec une collection complète d’excuses imparables comme “De toutes façons j’ai reçu 4 mails aujourd’hui, personne n’est rentré” ou “En même temps 2 semaines c’était pas assez” et enfin le très snob mais ne souffrant d’aucune contestation “C’est ma boite je fais ce que je veux”. J’ai même surement balancé “Et je les emmerde, on paye assez de RSI” histoire d’afficher un positionnement Sarkozyste affirmé mais sans notion de méritocratie.

Ceci dit, j’ai beau me plaindre, ne pas être bien joyeux de retourner à la mine pour un salaire de misère, ça n’a rien à voir avec les rentrées des classes à l’internat, où on savait clairement qu’on allait prendre un an ferme sans avoir le droit d’ouvrir sa gueule. Vous vous rappelez de ces putains de rentrée des classes quand on était merdeux ? Personnellement ça m’angoissait pas plus que ça parce que j’étais clairement dans la catégorie des “populaires”, ceux qu’on ne faisait pas trop chier, ceux qui avaient un Eastpak plein de conneries de puceaux rebelles grattées au Tipp-Ex, une paire de Sparco sur les panards, un polo Ralph Lauren avec le col relevé et qui faisaient croire qu’ils étaient rentrés au Cave du Roy au mois d’Août alors que je me faisais même recaler au Saint-Hilaire. Les habitués du Golfe de St Tropez comprendront…

Mais même au delà de ça, rappelez-vous de la veille de la rentrée les gars. Pour une raison que j’ignore encore aujourd’hui, ma mère me faisait systématiquement, du CP à la Terminale, un plat de coquillettes pour être bien prêt le lendemain. Je ne sais pas si poser mon cul à l’époque plutôt coquet sur une chaise pleine de chewing-gums écrasés pour écouter jacter un prof principal avec une chemisette à poche Tex nécessitait une préparation digne du Marathon de New York, toujours est-il qu’on me foutait la pression.

Bref, elle amenait l’assiette de coquillettes sur la table, s’asseyait en face de moi, cassait une ampoule de je ne sais quelle saloperie dans un verre d’eau, me scrutait 2 secondes puis me lançait:

– Adrien cette année je te remercie de ne pas me ramener des bulletins déplorables et de ne pas me faire angoisser toute l’année.

Après 2 mois et demi de vacances, le ton solennel employé et le petit coup de pression bien senti jetait l’ambiance de la soirée. Définitivement, on cherchait à me faire comprendre en hauts lieux que les jeux apéritifs du Club Med étaient derrières nous.

– Bah, pourquoi tu angoisserais toute l’année ? Et au pire si je redouble c’est moi qui ramasse une année de plus au bahut, pas toi…

Cette phrase pourtant d’une évidence absolue, mais certainement prononcée avec une voix en pleine mue et un air de petit connard, lançait systématiquement la première engueulade de l’année scolaire, sans pourtant avoir eu la moindre (mauvaise) note.

Bon, de fait, j’ai pas le souvenir d’avoir été une seule fois dans la première moitié de la classe, et j’ai même été bon dernier en 3ème et en 1ère. Comme disait le père d’un pote “Et toi Buzz, toujours premier de la classe en retournant la feuille ?”. 

Moi ce qui m’intéressait dans la rentrée c’était pas tant de connaître la gueule de mes nouveaux profs, et encore moins d’écouter leurs speechs encore plus stéréotypés qu’une conférence de presse d’un footballeur après un média training “Cette année ce sera plus dur que l’année dernière et vous serez obligés de travailler un petit peu tous les jours pour ne pas prendre de retard. Nous serons là pour vous guider, mais ce sera à vous de vous auto discipliner” lancé sur un ton à la fois monocorde et menaçant, ce qui n’est d’ailleurs pas si facile.

Non, moi ce qui m’intéressait, c’était de savoir si y’avait des nouvelles recrues physiquement intéressantes et si on sortait à 15H30 le vendredi.

Bonne rentrée à tous,

TGIF !

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